Dans le cadre de la série “Repenser l’enfer”, j’ai écrit deux articles sur l’enseignement des pères apostoliques, les successeurs des apôtres (partie 1 et partie 2). La conclusion : les représentations du châtiment eschatologique de la Didaché et des épîtres attribuées à Clément de Rome aux Corinthiens entrent en continuité avec les descriptions de l’Ancien Testament et n’empruntent aucunement les “lumières” de la philosophie grecque. Pour dépeindre le sort des incroyants, on y donne des exemples de morts atroces, des scènes surnaturelles dignes de films,…

La perspective classique de l’enfer, qui postule des tourments éternels comme châtiment eschatologique, souffre d’un problème évident quant à la notion de justice : pourquoi Dieu maintiendrait-il des personnes dans de telles souffrances psychologiques et physiques pour toujours alors qu’ils ont commis un nombre limité de fautes ? Comment un tel concept peut-il être compatible avec le Dieu de la Bible qui ne “prend pas plaisir à la mort du méchant” (Ez 33,11) ? Le châtiment n’est-il pas disproportionné par rapport au crime ? Infiniment disproportionné…

2 Th 1,6-9 est l’un des principaux textes exploités dans les débats sur l’enfer. Dans cet article, je démontre comment ce texte concorde parfaitement avec la perspective conditionnaliste qui stipule que le châtiment de Dieu consistera à faire souffrir les incroyants d’une façon proportionnelle au mal qu’ils auront commis dans leur vie et à les anéantir de façon définitive. J’examine aussi comment certains théologiens ayant une perspective “tourments éternels” interprètent ce passage. Voici 2 Th 1,6-9 : 6 …il est vrai qu’il est juste, de la…

Un des principaux arguments pour les théologiens supportant l’idée que l’enfer consistera en des souffrances éternelles (perspective classique) est que cette conception s’était fortement répandue chez les Juifs lors de la période intertestamentaire. En réalité, les témoins textuels démontrant qu’une telle vision était dominante chez les Juifs de la période intertestamentaire sont plutôt rares. Un de ces témoins importants est Judith 16,171Le livre de Judith a été écrit entre 200 et 150 av. J.-C.. Or, je viens de découvrir que plusieurs spécialistes du livre de…

La première fois que j’ai lu un auteur conditionnaliste1Un conditionnaliste est une personne qui croit que l’immortalité est conditionnelle à la foi en Jésus : seulement ceux et celles qui croient en lui vivront/existeront éternellement. Les conditionnalistes affirment que l’enfer consiste en un lieu de tourments proportionnels aux péchés qui culminera en la mort (l’annihilation) des incroyants., j’ai rapidement été surpris par l’ampleur du support biblique pour cette thèse2Le premier écrit que j’ai lu pour la thèse que l’enfer consiste en des tourments menant à…

Le premier chapitre de l’épître aux Romains est l’un des plus importants passages bibliques traitants de théologie naturelle, c’est-à-dire de comment Dieu se fait connaître à tout être humain par l’entremise de la création et de la conscience morale. Or, en Rm 1,32 Paul affirme que tout être humain possède la conscience que la pratique du mal conduit non aux tourments éternels, mais à la mort : Et, bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu, déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses,…

Que disaient les successeurs des apôtres sur le sort ultime des incroyants ? Expérimenteront-ils des tourments éternels en enfer ou seront-ils ultimement anéantis ? Dans cet article, je continue la série Repenser l’enfer1Dans un article précédent, je me suis penché sur le texte de la Didaché et l’épître de Clément de Rome concernant le thème de l’enfer. J’ai expliqué comment leurs écrits corroborent le conditionalisme, l’idée que les gens qui vont en enfer ne sont pas immortels, mais finissent par être anéantis. en considérant l’enseignement de ce qui…

Les pères apostoliques sont les dirigeants chrétiens qui ont succédé aux apôtres. On date généralement cette période de l’an 90 à 150. L’ère suivante dans l’histoire de l’Église est appelée la période des pères apologistes et comprend les années 150 à 250. Les écrits des premiers étaient adressés aux gens de l’intérieur de l’Église pour la purifier des menaces qui la guettaient du dedans et pour la solidifier alors que les oeuvres des deuxièmes étaient dirigées vers les gens de l’extérieur de l’Église pour défendre la…

Certains, comme Greg Koukl, pensent que l’annihilationisme risque d’enlever le vent dans les voiles de l’Évangile1Voir aussi Reginald Garrigou-Lagrange, Life Everlasting and the Immensity of the Soul: A Theological Treatise on the Four Last Things: Death, Judgment, Heaven, Hell, Rockford IL, Tan, 1952, p. 97 : “Nous parlerons assez longuement de l’enfer pour trois raisons. Aujourd’hui on ne prêche plus guère sur ce sujet, et on laisse ainsi oublier une vérité révélée très salutaire ; on ne fait plus assez attention à ceci que la crainte de…

“C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant… En effet, notre Dieu est un feu qui détruit” (Hé 10,31, 12,29). Aussi traduit comme “un feu dévorant”, “un feu καταναλίσκον” parle d’un feu qui consume complètement. Le conditionalisme est une compréhension de l’enfer partagée par un nombre croissant de théologiens protestants et évangéliques qui considèrent que “détruire” veut vraiment dire “détruire” et non vivre pour toujours dans la souffrance1Pour apprécier l’ampleur du mouvement dans le monde évangélique, voir le site web…