La Bible : mythe ou histoire?

05/25/2011

La Bible est-elle fiable ? Relate-t-elle des mythes ou des faits historiques ?

J’ai récemment entendu un argument très intéressant concernant l’historicité des évènements relatés dans la Bible. Tim McGrew, dans une entrevue accordée à Evidence For Faith (épisode 93), offre un argument cumulatif à partir des “coïncidences non intentionnelles” (Undesigned Coincidences) dans la Bible. Voici comment il articule son point à partir des quatre Évangiles comme exemple…

Parfois, les évangiles synoptiques (Marc, Matthieu, Luc) racontent les mêmes histoires en utilisant les mêmes phrases pratiquement mot à mot. Ces passages quasiment identiques sont généralement expliqués ainsi : Marc a premièrement écrit son évangile après quoi Matthieu et Luc s’en sont servis partiellement comme une de leurs sources pour écrire le leur (C.f. Luc 1:1-4).
De l’autre côté, il arrive parfois que les quatre évangiles rapportent les mêmes faits de façon différente ce qui démontre que les auteurs n’ont pas utilisé une source commune ou qu’ils ne se sont pas copié l’un et l’autre. Parfois, la version de l’un n’inclut pas toutes les informations que le lecteur moderne aimerait avoir ce qui laisse certaines questions sans réponse émergées naturellement du texte. La coïncidence non intentionnelle vient quand un autre évangile parle du même évènement et vient fournir ces détails manquants permettant d’obtenir des réponses aux questions suscitées par la lecture du texte. Quand cela arrive, la meilleure explication est que l’évènement dont parlent les deux auteurs est réellement historique. Or, les coïncidences non intentionnelles représentent un argument dont la force est proportionnelle au nombre d’occurrences. C’est donc un argument qui gagne de plus en plus en force au fur et à mesure que les exemples se multiplient. Il s’agit donc d’un cas cumulatif. Voici quelques exemples qui aideront à comprendre.

1- Jésus qui se fait frapper par les soldats romains

Matthieu 26:67-68 : “Là-dessus, ils lui crachèrent au visage et lui donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant: Christ, prophétise! Dis-nous qui t’a frappé.”
Luc 22: 63-64 : “Les hommes qui tenaient Jésus se moquaient de lui et le frappaient. Ils lui voilèrent le visage et ils l’interrogeaient en disant: devine qui t’a frappé.”
Dans l’évangile de Matthieu, les soldats frappent Jésus et lui demandent de deviner qui l’a frappé. Si on s’en tient strictement à ce que rapporte Matthieu, il manque un détail explicatif. Pourquoi les soldats lui demandent-ils de deviner qui l’a frappé? Si quelqu’un me frappait, je verrais qui serait mon agresseur et je n’aurais pas besoin d’être prophète pour savoir qui m’a fait du mal. Luc rapporte la même histoire d’une tout autre façon, mais ajoute qu’on voila le visage de Jésus. Cela vient donc éclaircir notre lecture de Matthieu. C’est un des exemples les plus simples qui n’est peut-être pas convaincant en soi-même, mais il démontre la nature d’une coïncidence non intentionnelle. Jusqu’ici, quelqu’un pourrait être tenté de dire que Luc était sûrement en possession de l’écrit de Matthieu et qu’il a intentionnellement comblé l’information manquante. Mais en réalité, ce genre de coïncidences vont dans tous les sens et cela en très grande quantité. Voici quelques exemples encore…

2- L’appel des disciples à suivre Jésus

Matthieu 4:17-22 : “Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs. Il leur dit: ‘Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.’ Aussitôt, ils laissèrent les filets et le suivirent. De là étant allé plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets. Il les appela et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père et le suivirent.”
Luc 5:1-11 : “Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génésareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques, d’où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s’éloigner un peu de terre. Puis il s’assit, et de la barque il enseignait la foule. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon: avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L’ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient. Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit: Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur. Car l’épouvante l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu’ils avaient faite. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon: ne crains point; désormais tu seras pêcheur d’hommes. Et, ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout et le suivirent.”
La question qui devrait nous venir à l’esprit quand on lit Matthieu est celle-ci : “Pourquoi les quatre hommes abandonnent tout bonnement leur métier de pêcheurs pour suivre Jésus?” Luc nous donne la réponse en expliquant le miracle que Jésus fit pour eux dans le cadre de leur travail. De plus, la subtile mention que Jean et Jacques réparaient leurs filets [Matthieu 4:21] concorde avec l’histoire de Luc où on y voit que leur pêche miraculeuse fit en sorte que leurs filets se rompirent. Tout s’éclaire lorsque l’on met les deux récits ensemble!

Autres exemples :

Marc 6:31 Pourquoi y-a-t-il plein d’allés et venus?
Jean 6:4 Parce que c’est la pâque ce qui fait que les gens voyagent vers Jérusalem.

Matthieu 8:14-17 Pourquoi ont-ils attendu le soir avant d’aller voir Jésus pour être guéri?
Marc 1:21-34 Parce que c’était le sabbat et que celui-ci prenait fin au couché du soleil.

Luc 9:36 Pourquoi les disciples ne racontèrent pas cet évènement extraordinaire?
Marc 9:9 Parce Jésus leur a donné l’ordre de ne pas le dire jusqu’à ce qu’il soit ressuscité.

Jean 6:5 Pourquoi est-ce que c’est à Phillipe que Jésus demande où l’on pourrait trouver des pains? (Jean 1:44 nous apprend que Philippe était de Betshaïda.)
Luc 9: 10 : Parce qu’ils étaient à Betshaïda (Philippe, ayant grandi dans le coin, savait donc où acheter des pains).

Jean 21:15-19 Pourquoi Jésus demande-t-il trois fois à Pierre s’il l’aime plus que les autres?
Matthieu 26:31-35 + 69-75 Parce qu’il avait affirmé qu’il ne serait jamais une occasion de chute pour lui même s’il en était une pour les autres et que finalement, il l’a renié trois fois.

Luc 23:1-4 Pourquoi Pilate ne condamne pas Jésus qui était accusé de se prendre pour un roi alors que seulement César pouvait établir quelqu’un roi?
Jean 18:28-38 Parce que Jésus disait que son royaume n’était pas de ce monde.

Le test des coïncidences non intentionnelles est l’un des plus difficiles à passer pour l’historicité. Il y a une panoplie de documents où les connexions ne peuvent aucunement être fait parce qu’ils sont complètement décontextualisés. C’est le cas, par exemple, des évangiles gnostiques du 2e siècle de Thomas et de Phillipe. Ils prétendent nous rapporter les enseignements de Jésus, mais ils ne contiennent aucun détail sur les circonstances dans lesquelles il dit ces paroles. On ne peut même pas commencer à chercher des coïncidences non intentionnelles car il n’y a pas de cadre historique. Tous les détails que l’on vient de démontrer dans les exemples précédents sont absents dans les écrits gnostiques et cela démontre qu’on ne peut aucunement savoir s’ils rapportent authentiquement ce que Jésus a dit contrairement aux quatre évangiles. C’est un bon indice que ces écrits ont été réalisés par des personnes qui n’étaient pas en position de donner des détails historiques crédibles parce qu’ils vivaient 200 ans plus tard et n’avaient pas accès à toutes ces informations.

Ce qui est bien avec les coïncidences non intentionnelles, c’est que nous n’avons pas besoin d’être un historien de l’Antiquité ou un connaisseur de grec pour démontrer pourquoi nous croyons en la fiabilité de la Bible. Elles sont accessibles à tous. On a simplement qu’à les écrire dans notre Bible et les montrer lorsqu’on nous pose la question.

D’autres coïncidences non intentionnelles peuvent être trouvées ailleurs dans la Bible comme dans l’Ancien Testament. De plus, il est aussi possible de faire ce même genre de liens complémentaires avec la littérature extrabiblique de la même époque. Pour en savoir plus, voici le livre en anglais gratuit sur le web : Undesigned Coincidences.

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3 comments on “La Bible : mythe ou histoire?

  1. Anonyme Juin 3, 2011

    WOW! Super intéressant et bien écrit!

Théophile © 2015