Guide pratique basé sur IFS (Internal Family System)

09/15/2018

Pourquoi t’abats-tu, mon âme, et gémis-tu au dedans de moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore. Il est mon salut et mon Dieu (Psaume 42,5.11).

Dans un article précédent, j’explique en quoi consiste la psychothérapie Internal Family System1Voir Richard C. Schwartz, Introduction to the Internal Family Systems Model, Oak Park, Trailheads, 2001.. Voici un guide facilitant la mise en pratique des notions. Ce guide est construit dans l’optique d’un problème d’ambivalence en cas de prise de décision, mais il peut facilement être adapté aussi aux comportements indésirables ou autres types d’application.

1 – Cibler une partie

En pensant à une décision que nous devons prendre, il sera facile de cibler certaines parties de nous. Il est cruciale alors de les distinguer du Self. Alors que nous pensons à la décision que nous devons prendre, quelle est la première réaction qui émerge en nous ? C’est sûrement une partie importante qui parle, un manager dominant ou un pompier dominant.

2 – Dissocier les parties

Dès que nous ciblons une partie, il est probable qu’une autre partie tente rapidement d’interférer le dialogue entre le Self et la partie 1. Par exemple, si on se demande si on devrait aller à tel événement et que la première chose qui nous vient à l’esprit est « je suis trop fatigué », s’il y a une autre voix qui émerge et qui dit « mais ça va être amusant et stimulant rendu là-bas », il faut dissocier la partie qui dit qu’il faut se reposer de celle qui dit qu’il faut s’amuser.

3 – Isoler la partie

Ensuite, il est utile de demander à la 2e partie de ne pas interférer. Pour que le Self puisse explorer la partie 1, il faut qu’il demande à la partie 2 de ne pas s’interposer. On peut s’adresser à la partie 2 en disant : « Je t’ai entendu et je sais que tu es là. Acceptes-tu de prendre du recul et de ne pas interférer dans ma discussion avec la partie 1 et tantôt, ça sera à ton tour ? » Si la partie 2 accepte, on peut passer à l’étape 4, sinon, on doit d’abord traiter la partie 2 (aussi par la 4e étape). Dans le fond, il s’agit ici d’isoler la partie la plus criante.

4 – Interroger et écouter la partie

Par la suite, il faut écouter le message, l’émotion et l’historique de la partie. Lui demander : que dis-tu ? Reconnaître l’émotion qui vient avec le message. Lui demander pourquoi elle dit et ressent cela ? Cette dernière question vise à comprendre la logique de la partie. Chaque partie a une cognition (un message), une émotion et une histoire (un élément déclencheur l’a fait naître et d’autres l’ont fait grandir dans le passé). Il faut cibler ces choses et les reconnaître.

5 – Rassurer la partie

Après avoir écouté le message de la partie, son émotion et sa logique, on doit rassurer notre partie en reconnaissant qu’elle est là pour nous protéger et qu’elle est valide à la base même si la forme actuelle qu’elle prend dans certaines circonstances sont peut-être condamnables ; par exemple, une partie qui dirait « je voudrais avoir une relation sexuelle avec telle personne » alors que ça serait illégitime. Le fait de vouloir des relations sexuelles est parfaitement bon, mais la frustration de cette partie peut l’amener à crier plus fort que d’autres parties (p. ex. : que la conscience morale) de sorte que la forme que la partie prend devient inappropriée. Il faut donc distinguer entre la forme qu’a pris une partie (qui peut être mauvaise) et l’essence de cette partie (qui, à la base, est bonne).

C’est dans l’écoute, la reconnaissance de l’histoire d’une partie et dans le recadrage de la croyance héritée que ce trouve la guérison :

Que voulons-nous dire par “guérir une partie” ? Quel est le besoin des parties pour guérir ? Nous avons découvert au travers des nombreuses années de pratique de IFS que, généralement, toutes les parties ont besoin de se décharger, c’est-à-dire de se libérer du poids associés à des croyances et émotions extrêmes qui les gardent prisonnières de rôles rigides. Elles ont besoin de croire que vous comprenez complètement ce qui s’est produit dans le passé lorsqu’elles ont acquises ce fardeau. En d’autres mots, vous devez être le témoin compatissant d’une partie de votre propre histoire2Richard C. Schwartz, Introduction…, p. 133.

6 – Traiter les autres parties

Dans le cadre d’une prise de décision suscitant l’ambivalence, il faudra aussi prendre le temps de traiter chaque partie qui s’est interposée dans la décision. Autrement dit, refaire les étapes 1 à 5 pour les autres parties sera important.

7 – Prendre une décision avec le Self

Après avoir écouter et valider les parties, le Self doit prendre une décision. Cette décision sera faite en privilégiant une partie sur l’autre (ou certaines parties sur d’autres). Cependant, le Self peut réconforter les parties qui ne seront ultimement pas « suivies » en leur disant qu’elles sont importantes, qu’elles ont leur utilité, mais que dans les circonstances présentes, ce sont les autres parties que le Self décide d’écouter. Néanmoins, dans d’autres circonstances éventuellement, ça sera peut-être l’inverse.

8 – S’assurer de l’autonomie du Self

Il est important de s’assurer qu’il n’y a pas une confusion entre le Self et une partie. Si, à l’étape 7, le Self hésite encore, c’est probablement parce qu’il y a une partie qui n’a pas été traitée. Cette partie s’est probablement camouflée dans le Self lui-même. Il faut la cibler et la traiter (recommencer à partir de l’étape 4). Car le Self, une fois qu’il s’est dégagé des parties, qu’il les a écoutées, validées et réconfortées, est calme, voit clairement sans distorsion, est curieux, a de la compassion, de la confiance, du courage, de la créativité et de la connectivité aux autres Selfs dans l’entourage3Richard C. Schwartz, Introduction…, p. 135 : “But often, all that’s required is further reassurance and negotiation.”.

Références

Références
1 Voir Richard C. Schwartz, Introduction to the Internal Family Systems Model, Oak Park, Trailheads, 2001.
2 Richard C. Schwartz, Introduction…, p. 133
3 Richard C. Schwartz, Introduction…, p. 135 : “But often, all that’s required is further reassurance and negotiation.”

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