La résurrection de Jésus : un Big Bang théologique

04/04/2015

Mais comment est-on passé d’un homme juif de la classe moyenne, vivant en campagne, crucifié sous Ponce Pilate (sort qui représentait une malédiction divine), à la croyance en un Fils de Dieu, digne d’adoration et de louanges au même titre que Dieu lui-même ?

En fait, selon certaines mesures, il n’était pas particulièrement un homme remarquable. Il n’a jamais dirigé d’armée, il n’a pas occupé de position politique, il n’a pas écrit de livre, il n’avait pas de femme ni d’enfant, il n’a pas laissé d’héritage, et il n’a jamais voyagé à plus de cent cinquante kilomètres de chez lui. Pourtant, des milliards de personnes partout dans le monde, depuis deux millénaires l’adorent et lui rendent un culte comme étant leur Seigneur et leur Dieu. Comment cela est-il arrivé1Bowman, Robert M, and J. Ed Komoszewski. 2007. Putting Jesus in His Place: The Case for the Deity of Christ. Grand Rapids: Kregel Publications, p. 29. ?

Les spécialistes qui s’intéressent au début du christianisme, sa naissance théologique et son développement primitif s’en étonnent encore et encore. Après la Pâque de l’an 30, une panoplie de traditions orales sous différentes formes (hymnes, confessions baptismales, doxologies, credo) apparaissent soudainement et présentent Jésus en termes théologiques très forts (Seigneur, Fils de Dieu, Christ, existant en forme de Dieu, etc.).

Dans son livre Lord Jesus Christ: Devotion to Jesus in Earliest Christianity, Larry Hutardo, une sommité académique sur la question de la christologie primitive, décrit l’émergence de la dévotion à Jésus comme “un véritable big bang, une explosion rapide, un développement substantiel impressionnant dans la phase la plus ancienne du mouvement chrétien2Larry W. Hurtado, Lord Jesus Christ: Devotion to Jesus in Earliest Christianity, Grand Rapids MI, Eerdmans, 2003, p. 135..”

D’autres exégètes ayant étudié la question sont d’accords : “Vittorio Fusco conclut lui aussi […] à ‘un processus de développement […] à l’œuvre dès le début.’ Il lui semble ‘important de souligner que [celui-ci] a bien demandé du temps, mais un temps étonnamment bref’. Estimant en effet que ‘vers le milieu des années 30, […] Paul a trouvé ce développement déjà réalisé pour l’essentiel.’, il considère donc que ‘le processus présente [bel et bien] les caractères […] d’une explosion3Daniel Gerber, « À propos des traditions christo-sotériologiques préépistolaires dans les lettres incontestées de Paul », dans Paul, une théologie en construction (Le monde de la Bible, 51), Andreas Dettwiler, Jean-Daniel Kaestli et Daniel Marguerat (dir.), Genève, Labor et Fides, 2004, p. 191..’”

“Énigme”, “mystère”, “big bang”, voilà plein d’expressions utilisées pour rendre compte de ce processus “étonnamment rapide” où s’est fait “une production rapide et variée4Daniel Gerber, « À propos des traditions christo-sotériologiques préépistolaires… », p. 190-191.” des toutes premières traditions chrétiennes imbriquées un peu partout dans le Nouveau Testament.

Comme expliquer cela ? Il me semble que seule l’explication des premiers chrétiens puisse rendre compte de façon satisfaisante de cette révolution théologique : “Le Seigneur est réellement ressuscité…” (Luc 24,34) À Pâque, Dieu le Père attesta lui-même que Jésus était bel et bien son Fils unique renversant ainsi le jugement des hommes à l’égard de Jésus… Et comme Dieu avait préparé les Juifs à faire sens de cet événement en leur donnant les catégories, les symboles, les prophéties nécessaires dans leur histoire, le tout consigné dans leur Bible hébraïque, les apôtres s’en inspirèrent et créèrent une foule de traditions orales visant à proclamer la bonne nouvelle, à savoir qu’en Jésus, Dieu veut rétablir la connexion perdue avec les hommes, en effaçant nos fautes qui nous empêchaient d’être connectés à Dieu et d’avoir la vraie vie, la vie abondante, la vie éternelle.

Références

Références
1 Bowman, Robert M, and J. Ed Komoszewski. 2007. Putting Jesus in His Place: The Case for the Deity of Christ. Grand Rapids: Kregel Publications, p. 29.
2 Larry W. Hurtado, Lord Jesus Christ: Devotion to Jesus in Earliest Christianity, Grand Rapids MI, Eerdmans, 2003, p. 135.
3 Daniel Gerber, « À propos des traditions christo-sotériologiques préépistolaires dans les lettres incontestées de Paul », dans Paul, une théologie en construction (Le monde de la Bible, 51), Andreas Dettwiler, Jean-Daniel Kaestli et Daniel Marguerat (dir.), Genève, Labor et Fides, 2004, p. 191.
4 Daniel Gerber, « À propos des traditions christo-sotériologiques préépistolaires… », p. 190-191.

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