Est-il possible encore de croire au retour de Jésus après presque 2000 ans d’attente? Les chrétiens se sont-ils trompés en parlant du retour de Jésus? N’est-il pas plus raisonnable de croire que le monde tel qu’on le connait présentement poursuivra son cours probablement encore des millénaires, jusqu’à ce qu’un cataclysme planétaire arrive? Faut-il encore comprendre le retour de Jésus littéralement comme on le présente en Actes 1,9-11 :
Après avoir dit cela, Jésus fut élevé pendant qu’ils le regardaient et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se présentèrent à eux et dirent : « Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l’avez vu aller au ciel. »
Dans cet article, je propose de passer en revue les arguments offerts par l’apôtre Pierre (2 Pierre 3,1-15) pour justifier le « retard » de cette espérance chrétienne et pour convaincre que le retour de Jésus est toujours un événement à venir.
Annonce attestée par les apôtres et les prophètes ainsi que le Père, le Fils et le S-E
Pierre commence par rappeler que la doctrine du retour du Seigneur trouve son fondement dans les écrits prophétiques de l’Ancien Testament ainsi que dans les paroles de Jésus lui-même telles que les apôtres les ont transmises (v. 2). Or, il est lui-même un apôtre, un témoin oculaire des faits et gestes de Jésus. Il a lui-même entendu le Seigneur prédire son retour. C’est ce qu’il affirme avec insistance 2 P 1,16 : « Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux. » Dans les deux versets subséquents, Pierre parle d’un événement clé qu’il lui a été donné de voir : lorsque le Père attesta l’identité de Jésus en parlant du haut du ciel lors de la transfiguration (v. 17-18). Pierre semble donc aussi affirmer que la doctrine du retour de Jésus ne repose pas seulement sur sa parole en tant qu’apôtre, ni sur celle de Jésus, mais aussi sur celle de Dieu le Père qui a validé l’identité de Jésus. Dans les v. 19-21, toujours au ch.1 de la même épître, Pierre exhorte aussi à prendre au sérieux les écrits prophétiques et cela concernant la même question, c’est-à-dire, le jour de son retour. Or, ici il rappelle que ces écrivains n’ont pas écrit strictement d’eux-mêmes sur Dieu, mais qu’ils l’ont fait sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il est donc très intéressant de remarquer que Pierre affirme que la doctrine du retour du Seigneur est fondée dans les paroles de Jésus lui-même, qu’elle est confirmée par le Père et prédite par le Saint-Esprit dans écrits prophétiques. C’est donc toute la Trinité qui l’atteste ! Rejeter cette doctrine, c’est donc rejeter les Écritures, la Bible, la Parole de Dieu. C’est rejeter le témoignage des apôtres et des prophètes. Et pire… c’est rejeter le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
(Notons comme piste possible d’approfondissement, qu’il serait intéressant de cerner les passages prophétiques de l’Ancien Testament qui pointent vers le retour de Jésus selon Pierre. À ce titre, Daniel 7,13-14, que Jésus a cité lors de son procès devant le Sanhédrin, semble avoir des affinités au niveau du vocabulaire avec ce passage de 2 Pierre… majesté/royauté, gloire/honneur, reçu/donner, etc.)
Connaître les vérités divines demande une certaine disposition d’esprit
Deuxième élément à considérer : parmi les personnes qui remettent en question le retour de Jésus se trouvent des moqueurs qui, en fait, désirent surtout justifier l’assouvissement de leurs convoitises (v. 3). S’il n’y a pas de chat qui revient, les souris peuvent danser autant qu’elles le veulent. Ce point illustre bien le rapport entre le coeur et la raison. Le coeur se branche pour quelque chose, puis la raison suit et se met à son service. Blaise Pascal l’a si bien dit : « Combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste sa cause? Plaisante raison qu’un vent manie a tout sens ! » W. Jay Wood résume bien le tout dans son livre sur l’épistémologie : « Les grands penseurs chrétiens tels qu’Augustin, Thomas d’Aquin, Blaise Pascal, Jonathan Edwards, John Henry Newman et d’autres ont insisté, contrairement aux prédicateurs de la raison pure, que nous venons à la connaissance de Dieu et des autres vérités spirituelles seulement si nos affections sont correctement ordonnées. » La question à laquelle cela nous mène est celle-ci : quelles sont les raisons profondes qui incitent un.e chrétien.ne à remettre en question cette doctrine ? Que suscite en nous l’idée du retour de Jésus ? L’état d’esprit de tout un chacun sur cette question est reliée aux représentations que l’on se fait de la vie du nouveau monde qui sera alors inauguré. Il y ici une dimension psychologique qui serait intéressante d’explorer davantage.
Faut-il comprendre autrement le retour de Jésus ?
Une parenthèse concernant la conceptualisation : est-il possible que le retour de Jésus soit d’ordre symbolique/spirituelle et non littéral/physique ? Le v. 4 semble démontrer que pour Pierre, on ne peut pas comprendre le retour de Jésus de façon symbolique ou spirituelle. En effet, il construit son apologétique à partir du fait que certains se posent la question « où est l’accomplissement de sa promesse ? » Il prend cette question à la lettre. Autrement dit, à la vue du commun des mortels, cela n’est pas encore réalisé sinon cela serait manifeste pour tous. Il ne remet pas en question cette prémisse. Si cet accomplissement était d’ordre spirituel, il aurait probablement répondu en fonction de la représentation abstraite qu’on trouve en Lc 17,20 où Jésus disait que « le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. » De plus, Pierre comparera plus loin l’avénement du Seigneur a des interventions divines qui ont lieu concrètement dans l’histoire du salut…
L’action de Dieu non limitée par l’expérience de chaque individu
Retournons à l’argumentation. En 2 Pierre 3,4, les mêmes sceptiques affirment que le monde suit son cours depuis le tout début de la création sans intervention de Dieu. C’est un argument encore d’actualité qu’on appelle aujourd’hui l’analogie de la foi ou l’analogie de l’histoire. Essentiellement, cet argument affirme que Dieu agit de la même façon aujourd’hui et dans notre contexte qu’autrefois et ailleurs. Puisque nous ne voyons pas de miracle ou d’interventions divines de nos jours, alors cela nous justifie d’affirmer qu’il n’y en avait pas plus avant ou ailleurs.
Un contexte aux interventions divines : l’histoire du salut
Que fait Pierre en réponse à cela ? Il rappelle l’histoire du salut en commençant par la création du monde, le premier miracle de Dieu (2 P 3,5). Ensuite, il fait référence au déluge de Noé, autre intervention divine extraordinaire d’envergure cosmique (v. 6). Cette fois, cette intervention divine ressemble au jugement que le retour du Seigneur concrétisera puisque dans les deux cas, il est question de rétribution des pécheurs et de salut pour les croyants. Pierre continue sur cette ligne de l’histoire du salut au v. 7 : si la terre est alors passé par le jugement divin au moyen de l’eau, le jour vient où elle passera également par le jugement au moyen du feu. Ici, il est important de s’apercevoir que cet argument fait écho à quelque chose de similaire et présent au chapitre précédent. En 2 P 2,5, l’auteur faisait référence au double volet « jugement/salut » en rappelant l’histoire de Noé. Il indique ces deux mêmes éléments en 2,6-8, en exploitant l’histoire où Loth fut épargné de la destruction de la ville de Sodome et Gomorrhe. En 2 P 3,7, la destruction par le feu est future et elle est appliquée aux cieux et à la terre. Or, comme nous venons de le vérifier, le même moyen de jugement a été employé à plus petit échelle par le passé. Ici, il est encore important de s’apercevoir que le double argument « Noé/Loth » se trouve ailleurs dans le Nouveau Testament : dans l’évangile de Luc (17,26-30) et de Matthieu (24,37-39). Cependant, Matthieu ne parle pas de Loth, mais de Noé seulement. Le fait que Luc et Matthieu rapportent en commun ces paroles de Jésus démontre qu’elles faisaient parties de l’ancienne source Q. Pour revenir à nos moutons, Pierre sous-tends son argument par l’enseignement que Jésus avait lui-même réalisé concernant le moment de son retour. Bref, l’argument de Pierre est celui-ci : si Dieu est déjà intervenu deux fois de façon cataclysmique et surnaturel pour libérer les justes et châtier les injustes dans le passé, alors nous sommes justifiés de croire qu’il le fera à nouveau dans le futur. C’est en continuité avec l’histoire du salut et ce n’est donc pas une idée nouvelle provenant de nulle part.
Différence entre notre point de vue et celui de Dieu
Oui ! La perception du temps est différente entre nous et le Seigneur (2 P 3,8). Il dit : bientôt ! Mais la génération qui entendit cela meurt. Et l’autre aussi. Et l’autre aussi. Pierre affirme que ce « bientôt » doit être compris dans « la perspective de Dieu ». Et cela peut paraître plus long pour nous, humains. Comme le dit le psalmiste en rapport avec Dieu, « mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d’hier quand il n’est plus et comme une veille de la nuit ». (Psaumes 90,4) Mais pourquoi ce laps de temps est-il nécessaire avant l’accomplissement de sa promesse ? Parce que Dieu montre par là sa patience et son désir que tous soient sauvés (2 P 3,9).
La conclusion de Pierre : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur. » (2 P 3,10)
Les applications suggérées par Pierre : Le monde tel que nous le connaissons va disparaître au jour du jugement, donc concentrez-vous sur le développement de votre caractère chrétien (v. 11). D’ici là, gardez une attitude d’attente et d’anticipation concernant le retour du Seigneur et faites même ce qui est en votre pouvoir pour l’accélérer en propageant la bonne nouvelle (v. 12 cf. Matthieu 24,14). Grandissez dans votre compréhension de la parole de Dieu afin d’éviter tout égarement que pourraient susciter d’autres idéologies provenant de ceux et celles qui ne craignent pas Dieu (2 P 3,17-18).
Amen !
Oui ! mille fois Amen !
Jésus va revenir et accomplir ses promesses.
Christiane Dorrmann née Seloudre, fille d’André et sœur de Paul