Dans la partie 1 de cette série qui se base sur le livre “How Then Should We Choose : Three Views on God’s Will and Decision Making“, j’ai résumé la perspective “Volonté spécifique” qui est le premier point de vue (sur trois) concernant la façon que Dieu nous guide. Bien que cette guidance soit importante dans nos choix quotidiens, elle l’est d’autant plus lorsque nous faisons face à des décisions ayant de grandes implications comme le mariage, le choix de carrière ou face à d’autres opportunités qui s’offrent à nous. Voici donc la deuxième perspective sur la question…
“Relation personnelle” (Position #2/3)
L’auteur défendant cette perspective est Gordon T. Smith qui a écrit un livre traduit en français “Entendre la voix de Jésus” ainsi que plusieurs autres en anglais dont “Listening to God in Times of Choice“. Il est le président de Ambrose University College and Seminary à Calgary, en Alberta. D’après Smith, faire la volonté de Dieu implique de connaître Dieu personnellement et intimement. Dieu désire être engagé dans notre processus de décision non pour décider à notre place, mais pour nous aider à voir clairement qui nous sommes et notre monde. La responsabilité du choix nous appartient, mais Dieu ne nous laisse pas seul avec notre propre sagesse! (p.177) Il est là pour nous conseiller et nous éclairer. Il le fait par l’entremise de trois éléments clés : la Bible, l’Église et l’Esprit. L’Esprit nous guide quand nous sommes à l’écoute de son témoignage en nous. Nous devons discerner la voix de l’Esprit en nous et cela se fait en écoutant notre coeur (affect) et notre raison (intellect) et en les soumettant à la lumière de la Bible et l’Église (p.202). Le discernement des dynamiques de notre coeur est particulièrement important : il faut surtout porter attention à ce qui suscite en nous de la désolation (mouvements affectifs nous éloignant de Jésus) et de la consolation (émotions nous rapprochant de Jésus). Il ne faut pas prendre de décision en situation de désolation, mais d’abord traiter cette émotion négative. Et, de l’autre côté, il est nécessaire de quand même discerner la nature de la consolation pour s’assurer que cette paix vient de Dieu. Cela se fait en évaluant nos motivations : avons-nous un mauvais motif comme la gloire humaine, l’argent, le pouvoir, les plaisirs, etc? En écoutant la voix de Dieu à l’intérieur de notre coeur et en l’éprouvant par les Écritures et la sagesse des croyants, Dieu nous guidera. Cependant, en bout de ligne, bien que Dieu nous guide, la décision est la nôtre et non celle de Dieu et nous devons en assumer la responsabilité.
Vision de Dieu : Saint-Esprit.
Vision du chrétien : emphase sur le coeur, la disposition intérieure.
Mot clé : introspection (des motivations, des sentiments, etc…).
Approche : lecture des signes intérieurs à soi encadrée par la Bible et l’Église.
La différence avec le modèle VS, c’est que pour Smith (RP), l’Esprit parle à l’intérieur de nous plutôt que par des signes extérieurs qu’il faudrait discerner. Aussi, une différence importante est que pour les tenants de la perspective VS, Dieu décide en quelque sorte pour nous (il y a UNE bonne décision à ne pas manquer) alors que les tenants de la perspective RP diraient plus que Dieu nous montre la réalité de notre coeur et de notre situation pour que nous puissions prendre une décision selon son coeur. Cependant il n’y a pas nécessairement UNE bonne décision qu’il nous faut trouver sans quoi on passe à côté du plan de Dieu. Selon RP, si nous sommes à l’intérieur de la volonté morale de Dieu, la guidance de Dieu s’apparente au conseil plutôt qu’à l’ordre et le but n’est pas de trouver la décision parfaite, mais une décision qui honore Dieu. Cela peut vouloir dire que plus qu’une option est valide. C’est en réfléchissant devant Dieu sur nos valeurs et les siennes que Dieu nous guidera et que nous pourrons bien choisir.
Appréciation et critique
Autres points forts de cette approche : les critères de discernement en lien avec le sentiment de consolation (sonder nos motivations) et l’emphase sur le but ultime de notre devenir : connaître Dieu intimement, devenir semblable à Jésus dans notre caractère (Romains 8:29-30) et que Dieu fasse partie intégrale de notre processus de décision sans toutefois court-circuiter notre responsabilité. Je trouve que ce modèle reflète beaucoup mieux notre rapport au Saint-Esprit que le modèle VS.
De plus, je pense que Smith met trop d’emphase sur le coeur et que cela peut amoindrir le sphère intellectuelle. Il met en garde contre le danger de rationnaliser pour encourager le chrétien à être à l’écoute du “témoignage de l’Esprit” dans son coeur comme si notre raison n’avait qu’un rôle mondain à jouer. Cela peut inciter à une trop grande subjectivité et nous laisse perplexe quant au rôle de l’intellect. Quel est son rôle? De plus, ce déséquilibre peut faire en sorte que notre processus de décision est ambigu : il n’est pas toujours clair de percevoir nous-mêmes comment nous nous sentons dans telle ou telle situation et parfois, nous sommes face à une situation où le devoir nous appelle, voir même où il nous appelle à aller à l’encontre de nos émotions car nous savons que c’est la bonne chose à faire même si cela ne nous attire pas.
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