Prise de décision et volonté de Dieu (partie 1)

04/03/2014

Cet article est le premier d’une série de quatre sur le thème de la prise de décision et la volonté de Dieu. Il arrive que les chrétiens soient confrontés à un choix de vie important et qu’ils aspirent à être guidés par Dieu afin de prendre la meilleure décision possible. Dois-je déménager ou non? Accepter cet emploi ou demeurer où je suis? Dans quel programme d’étude me lancer? Quelle université? Devrais-je marier cette personne ou pas? Etc. Dans cette série, je résumerai et critiquerai les trois positions présentées dans le livre « How Then Should We Choose? Three Views on God’s Will and Decision Making » édité par Douglas S. Huffman (2009). Chaque position a été écrite par des auteurs différents. Après l’exposition de chaque auteur, une réponse-critique est offerte par les tenants des autres positions ce qui rend le livre très riche! Je terminerai cette série en me positionnant personnellement sur le sujet. 

« Volonté spécifique » (Position #1/3)

Ce point de vue est présenté par les frères Henry et Richard Blackaby, auteurs du livre « Experiencing God : Doing the Will of God« . « La croyance centrale de cette perspective est que Dieu n’a pas seulement une volonté spécifique pour les individus, mais aussi qu’il communique cette volonté aux gens pour qu’ils puissent la suivre. » (p.33) Selon les frères Blackaby, il faut chercher et discerner la volonté de Dieu pour notre vie, nous attendre à ce qu’il nous révèle son plan pour nous individuellement et s’y soumettre complètement. Nous ne connaissons pas le futur, mais Dieu oui. Voilà une bonne raison de ne pas mettre notre confiance en notre propre capacité de choisir, mais en celle de Dieu. Nous devons être alerte spirituellement pour reconnaître la voix de Dieu. Dieu peut parler de différentes façons : la Bible (volonté morale et paroles appliquées à notre vie par le Saint-Esprit), la prière, les circonstances, les frères et soeurs dans la foi, la paix et les événements marquants de notre passé. Par le Saint-Esprit, il nous est possible de discerner la voix de Dieu au travers ces différents éléments. Si notre coeur désire entendre et obéir, il nous guidera. Il faut être spirituellement à l’affut de ces signes. Comme Dieu a envoyé Moïse et Jonas dans des missions qu’ils n’auraient pas réalisées sans que Dieu leur parle, de même, Dieu désire révéler sa volonté pour accomplir le grand mandat. Ce n’est pas le modèle de la sagesse qui nous sortira de notre zone de confort et nous poussera à risquer même notre vie pour partager l’Évangile. 

Vision de Dieu : Seigneur (Maître).
Vision du chrétien : Sujet au péché (p.40).
Mot clé : soumission (Luc 22:42).
Approche : lecture des signes extérieurs à soi.

Appréciation et critique
Le point fort de cette approche est de nous rappeler que Dieu a un plan non seulement pour l’humanité dans son ensemble, mais pour chaque croyant également. Cependant, je crois que ce plan individuel fait partie de la volonté souveraine de Dieu, volonté qu’il ne révèle pas nécessairement d’avance. Le dévoilement de sa volonté souveraine est l’exception et non la règle. 

J’apprécie aussi le rapport entre la guidance de Dieu et la mission que les frères Blackaby désirent faire ressortir. Le rapport volonté de Dieu et prise de décision concerne souvent la mission dans les Écritures. De manière répétées, d’Abraham à Paul et au-delà, Dieu appelle des individus à consacrer leur vie pour l’avancement de son plan global. C’est une orientation majeure, un fil conducteur important dans toute la Bible.

Cependant, je ne suis pas d’accord avec leur thèse principale à savoir que nous devons découvrir la volonté spécifique de Dieu pour nos décisions de vie d’ordre amoral. Par décisions amorales, je parle de décisions pour lesquelles Dieu n’a pas donné de commandement. Par exemple, déménager ou pas. Je crois plutôt que la guidance de Dieu pour nos choix de vie s’inscrit dans sa volonté morale (commandements révélés dans les Écritures) et qu’à l’intérieur de cette volonté morale, Dieu nous laisse la liberté. 

Il est fallacieux d’utiliser des textes bibliques (surtout des récits d’appels) où Dieu s’est révélé clairement, miraculeusement et de sa propre initiative à des personnes comme Moïse pour inférer que les chrétiens doivent être alertes aux « signes de Dieu » (que l’on confond avec des impressions subjectives). Moïse ne pouvait pas manquer le buisson ardent! Gédéon, un ange lui ait apparut visiblement! Pareillement, lorsque les prophètes de l’Ancien Testament disaient « Ainsi parlent l’Éternel…« , ce n’est pas des impressions subjectives qu’ils traduisaient, mais des messages qu’ils avaient reçus clairement de Dieu : leur vie en dépendait (Dt 18:18-22). Mieux valait être sûr! Je suis persuadé qu’il est possible que Dieu révèle sa volonté spécifique pour quelqu’un, mais je pense que cela est rare, intrusif (l’initiative vient de Dieu et non de l’homme) et clair (voir même miraculeux). Si cela arrive, il n’y a pas de « décodage » à faire!

Bref, je ne pense pas que nous devons « être à l’affut » des signes de Dieu. Comme le soutient les tenants de la perspective sagesse, nous devrions plutôt consacrer notre temps à étudier sa volonté morale et les principes bibliques pouvant nous donner la sagesse pour faire des choix sensés. De plus, le rapport au Saint-Esprit dans la guidance de Dieu est mieux élaboré par la perspective « Relation personnelle » qui sera l’objet du prochain article…

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