Le biblique vs le mythique selon René Girard (résumé)

02/15/2016

Dans son livre Comment je suis redevenu chrétien, Jean-Claude Guillebaud fait cette déclaration accrochante sur l’anthropologue René Girard :

Pour mon entrée progressive dans ce deuxième cercle, celui de la subversion chrétienne, j’ai aussi une dette – immense – envers René Girard. (…) Son interprétation anthropologique – et très rationaliste au fond – du christianisme m’a immédiatement séduit, même si quelque chose en moi résistait. (Et résiste encore.) (…) Après l’avoir lu, on ne peut plus lire le message évangélique de la même façon. Girard est aujourd’hui académicien, mais son oeuvre est une bombe à retardement. Cette bombe explosera un jour. Il faut s’y préparer1Jean-Claude Guillebaud. 2007. Comment je suis redevenu chrétien. Paris: Albin Michel, p.101-3. C’est donc par un mimétisme que je suis venu à lire sur la théorie mimétique!.

Né en France en 1923, il quitte son pays natal à 24 ans pour aller vivre aux États-Unis. Il a été professeur de littérature et d’anthropologie dans plusieurs universités, dont John Hopkins de Baltimore et Stanford en Californie. René Girard est décédé le 4 novembre dernier (2015) à l’âge de 92 ans. Il a écrit plus d’une trentaine de livres dont la plupart traitent de sa théorie anthropologique sur le désir mimétique, la violence et le sacré qu’il tire à partir de ses analyses littéraires. C’est dans ce sens que s’inscrit Je vois Satan tomber comme l’éclair dont je propose un résumé critique en guise d’introduction à la pensée de ce grand penseur français.

Dans ce livre, le philosophe et historien René Girard fait une analyse comparative des dynamiques anthropologiques présentes dans la Bible et les mythes (surtout du Proche-Orient ancien)2Quelques précisions : 1) René Girard ne s’intéresse pas à la question de l’historicité de la Bible. Ce n’est pas qu’il pense que la Bible n’est pas de nature historique (c’est-à-dire qu’elle cadre ses récits par des marqueurs temporels, culturels, géographique et politique passés qui sont en partie vérifiables). C’est plutôt que son approche est différente : elle est philosophique et anthropologique. Pour Girard, les récits mythiques et bibliques parlent des structures et dynamiques humaines des sociétés archaïques. Autrement dit, les narratifs sont le reflet des dynamiques de l’époque, dynamiques qui se sont bel et bien produites et dont les récits en sont des échos. 2) La définition de “mythe” avec laquelle il opère, sans jamais la définir explicitement, ne se rapproche pas de l’interprétation péjorative parfois associée au mot, compris comme étant une pure invention humaine qui serait de l’ordre du fantastique, éloigné de la réalité, mais plutôt comme un discours ou un récit “lié à la structure même de la conscience humaine, présent dans toute société, et par lequel un groupe, une société ou une civilisation donne sens à ses pratiques quotidiennes, tant politiques que spirituelles.” (Philosophie et rationalité, p.12) . D’emblée, Girard affirme sans gène que son “analyse n’est pas religieuse, mais elle débouche sur le religieux. Si elle est exacte, ses conséquences sont incalculables. Le présent livre constitue en dernier ressort ce qu’on appelait naguère une apologie du christianisme3René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.18..” Son livre s’avère donc un argument anthropologique pour les récits bibliques et évangéliques.

Le désir et la rivalité mimétique 

La thèse de Girard commence avec l’idée que le désir est mimétique. Autrement dit, nos désirs se construisent et se confirment par le prochain et non par nous-même individuellement. L’autonomie du désir est une illusion. Le désir ne procède pas en ligne droite entre un individu et un objet. Il emprunte toujours une sorte de trajet triangulaire en passant de l’individu par le prochain pour ensuite s’orienter vers un bien quelconque. Mon prochain est le modèle de mon désir. Le modèle justifie le désir, à tort ou à raison (pour le mal ou le bien). Nos désirs soit s’inspirent de l’autre soit cherchent à être confirmés par l’autre avant de se sentir valides.

Par exemple, j’ai moi-même parlé à mon ami Benjamin de comment j’avais aimé le livre de Guillebaud dont j’ai parlé plus haut. Me voyant valoriser le livre de Guillebaud, il se l’ai acheté et l’a lu (j’ai servi de modèle à son désir, il a imité mon désir et par là a confirmé à mes yeux la valeur de mon propre désir). Dans ce livre (comme nous l’avons vu), Guillebaud fait l’éloge de Girard (autre modèle inspirant le désir) ce qui a poussé Benjamin à l’acheter, puis à m’en parler. Pareillement, moi, voyant Guillebaud et mon ami Benjamin valoriser Girard, mon désir a été stimulé encore plus vite, car j’avais maintenant deux modèles pour inspirer/justifier mon désir, etc.

Remplacez le livre par n’importe quoi… une voiture, une maison, être en couple, avoir des enfants, un poste au travail, un statut dans un groupe, ça reste la même dynamique. Le regard de l’autre vient construire ou miner mon désir qui s’en sert de modèle. Nous n’avons pas tous les mêmes dispositions à désirer les mêmes choses4Même si j’ai plusieurs modèles autour de moi qui possèdent, disons, des motoneiges, ça ne veut pas dire qu’un désir de posséder une motoneige se créera nécessairement en moi si je ne suis pas personnellement prédisposé à en vouloir. Cependant, plus le nombre de modèles devient important, plus il deviendra difficile de résister… c’est qu’on appelle l’emballement comme on verra sous peumais nous avons tous besoin de modèles pour la construction de nos désirs.

Le désir naît donc de la comparaison. Quand je considère ce que mon prochain a que je n’ai pas, la valeur de ses possessions augmente à mes yeux au même titre que mon envie pour ce qui lui appartient. Mon prochain, en voyant mon propre désir pour ce qu’il a, trouve une confirmation de la valeur de ses biens ce qui gonfle son propre désir. Une telle escalade des désirs incontrôlés engendre la frustration du désir lorsque, pour certaines raisons, je ne peux l’assouvir.

L’exaspération du désir mène éventuellement à la rivalité mimétique. En commençant à désirer le bien de mon prochain, je confirme la validité de son désir et le ravive dans une certaine manière. Alors que nos désirs se construisent et se stimulent mutuellement, des rivalités s’installent étant donné que les biens sont en quantités limitées et que tous ne peuvent pas satisfaire leurs désirs. Le mimétisme mène donc à l’exaspération du désir, de sorte que des tensions émergent au sein de diverses relations, puis de divers groupes. Ainsi, la rivalité mimétique, en exaspérant le désir, crée éventuellement chez les humains un appétit de violence. 

Dès le début, la Bible présente le désir comme étant mimétique et offre un enseignement original à ce niveau. Dans les 10 commandements par exemple, on voit que le dernier d’entre eux ne concerne pas une action à ne pas faire, mais un désir à gérer :

Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain. (Exode 20:7)

Le génie de la Bible est d’interdire à la base le désir menant à la rivalité mimétique. Que se passerait-il si ces nombreux désirs n’étaient pas maîtrisés comme nous y enjoint le décalogue? S’ils étaient tolérés et même encouragés?

“La guerre serait perpétuelle au sein de tous les groupes humains, de tous les sous-groupes, de toutes familles. La porte serait grande ouverte au fameux cauchemar de Thomas Hobbes, la lutte de tous contre tous5René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.24-5..

L’emballement violent, le tous-contre-un et la divinisation

L’augmentation des rivalités au sein d’une communauté suscite éventuellement l’emballement violent : c’est-à-dire l’imitation de la violence elle-même. Telle personne insulte telle autre pour se venger, nous nous copions. Ensuite, nous passons de l’insulte aux poings et ainsi de suite. La Bible illustre cet emballement violent dès le 4e chapitre de la Genèse :

Lémek dit à ses femmes : “Ada et Tsilla, écoutez ma voix ! Femmes de Lémek, prêtez l’oreille à ma parole ! J’ai tué un homme pour ma blessure et un enfant pour ma meurtrissure. Caïn sera vengé sept fois et Lémek soixante-dix-sept fois.

Lorsqu’une personne se fait rabaisser au travail et qu’elle transfère ça à la maison envers sa famille, on assiste alors à un exemple moderne de l’emballement violent, de l’imitation de la violence.

Éventuellement, les tensions au sein d’un groupe (disons une famille) finissent par se canaliser vers un autre groupe (une autre famille) et avec le temps, les différents groupes frustrés s’assemblent autour d’un groupe toujours plus restreint de personnes…

L’autre jour, j’étais à l’épicerie. Une dame m’avertissait avec exaspération à quel point les tomates étaient de piètre qualité. “…Ça va de pire en pire. Ça n’a aucun sens.”, disait-elle. Je trouvais que sa réaction était exagérée. “Au pire, n’en achètes pas de tomates!”, me disais-je. J’ai été encore plus surpris de la voir ressentir le besoin d’informer d’autres personnes après moi, à quel point ça n’avait pas de bon sens de vendre des tomates de si mauvaise qualité. Je me suis dit, “probablement que d’autres choses dans la vie de cette femme vont mal pour qu’elle s’en prenne aux tomates ainsi.” Mais imaginons qu’un homme aussi exaspéré dans ses désirs personnels arrive devant les mêmes tomates, à côté de cette femme. Il trouve alors une soupape à la pression de sa frustration. Qui va écoper pour leurs multiples désirs frustrés qui convergent maintenant vers les tomates? Le commis des fruits et légumes? Le gérant des fruits et légumes? Quelqu’un doit être la raison de ces tomates monstrueuses!

Ainsi, lorsque des personnes frustrées dans leur désir deviennent unanimes, ils expulsent leur violence au travers d’un bouc émissaire. Le commis des fruits et légumes, le gérant des fruits et légumes, peu importe tant qu’on se met d’accord. Tant que plusieurs personnes s’entendent sur leur soupape d’évacuation. Autrement dit, dans les sociétés archaïques, les tensions finissent par créer un emballement mimétique violent du tous contre un. Prenons un exemple biblique qui démontre comment deux chefs politiques ennemis devinrent amis en expulsant leur frustration au travers du même bouc émissaire :

“Hérode, avec ses gardes, traita Jésus avec mépris et après s’être moqué de lui et l’avoir revêtu d’un habit éclatant, il le renvoya à Pilate. Ce jour même, Pilate et Hérode devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant…” (Luc 23:11-12).

Lorsqu’il y a une unanimité violente envers une victime, les tensions disparaissent réellement parmi les différents groupes. La paix revient entre les individus. La plupart du temps dans les sociétés archaïques, la perception de la victime change avec le temps pour finalement être divinisée à cause de l’effet thérapeutique que sa mort eut sur la communauté. Selon Girard, les mythes vont toujours dépeindre ce processus pour justifier la collectivité violente et condamner l’individu fauché par le groupe.

La Bible cependant, et particulièrement les évangiles, met en lumière la fausseté [morale] de cette dynamique anthropologique : le persécuté est innocent et c’est la collectivité unanime qui est coupable. Seulement le biblique permet de mettre en lumière l’emballement mimétique violent. Le biblique aide les membres d’une collectivité violente à prendre conscience de la responsabilité de chaque membre dans la violence qui est perpétrée alors que les mythes perpétuent et légitiment la violence contre des innocents. L’emballement mimétique est considéré comme satanique par Girard, car Satan est celui qui “applaudit l’idée que les interdits ‘ne servent à rien’ et que leur transgression ne comporte aucun danger.” (p.55) Il est celui qui transforme notre regard concernant notre prochain en le faisant passer du modèle de notre désir à l’opposant à la satisfaction de notre désir. Il crée donc les rivalités mimétiques qui mènent à la violence. Quand Jésus dit à Pierre “Arrière de moi, Satan! tu m’es en scandale, car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes6Matthieu 16.23, c.f. Marc 8.33”, Jésus réagit envers Pierre, car celui-ci érige en modèle son désir qui va à l’encontre de celui de Jésus. Girard lie donc le concept du scandale aux mauvais modèles de désir.

Le point en commun entre la Bible et les mythes est ce processus mimétique qui conduit éventuellement au sacrifice d’un bouc émissaire éventuellement divinisé : propulsée par les rivalités mimétiques, la communauté termine toujours par orchestrer une violence unanime contre un individu qui servira de sacrifice de sorte que résultera l’apaisement social et éventuellement la divinisation du sacrifié. Mais s’il existe une ressemblance entre la Bible et les mythes, la différence entre les deux ne pourrait être plus grande aux yeux de Girard! Et c’est cette différence qui rend évidente la fausseté de tout récit mythique et la vérité du biblique!

La différence entre les récits mythiques et les récits bibliques

L’exemple par excellence mis de l’avant par Girard pour illustrer sa thèse est le mythe d’Oedipe comparé à l’histoire de Josèphe dans la Genèse. Il y a plusieurs similarités entre les deux récits. Les deux reçoivent une prophétie sur leur vie dès leur naissance : Oedipe tuera son père et mariera sa mère alors que Joseph fait un songe où ses frères et son père se prosterneront devant lui. Dans les deux cas, la prophétie mène au rejet du personnage principal par les membres de sa famille et ils frôlent la mort. Oedipe se fait abandonner par ses parents dès sa venue au monde, mais un couple le sauve et l’adopte comme leur fils. Joseph, de son côté, passe près d’être tué par ses frères, mais il se fait finalement vendre comme esclave et prend la direction de l’Égypte. Même genre de retournement : l’un comme l’autre vient à régner : Oedipe sur Éphèse et Joseph devient le bras droit du pharaon sur toute l’Égypte. Un problème social surgit alors de part et d’autre : à Éphèse, c’est la peste et, en Égypte, c’est la famine. Finalement, les Éphésiens expulseront Oedipe de la ville à cause de la malédiction qu’il a sur sa vie, croyant que c’est à cause de lui que la peste fait des ravages. Oedipe accomplit éventuellement la prophétie malgré lui : il tue son père et épouse sa mère. Il se crève les yeux une fois qu’il en prendra conscience. La fin de l’histoire de Joseph est plus heureuse : grâce à sa bonne intendance, Joseph prévoit des réserves en Égypte pour passer au travers la famine. Éventuellement, ses frères et son père viennent le rejoindre en Égypte, ses frères lui demandent pardon et ils se réconcilient.

Autant il y a beaucoup de points en commun entre les deux textes, autant ils sont éloignés l’un de l’autre quant à leur visée. La morale de l’histoire du mythe d’Oedipe est de justifier ceux qui l’ont rejeté et persécuté : ses parents avaient raison de vouloir s’en débarrasser dès sa naissance; il était maudit. Les Éphésiens avaient raison de vouloir l’expulser de la ville: il était vraiment maudit! C’est donc la masse persécutrice qui a raison, et le bouc émissaire qui a tort. De l’autre côté, c’est l’inverse. C’est les frères de Joseph qui firent ce qui est mal. Tout le long de la Genèse, Joseph est présenté comme innocent et intègre alors qu’il subit des injustices multiples de la part de plusieurs personnes.

Les récits mythiques justifient l’unanimité violente en justifiant la persécution du bouc émissaire. Les récits bibliques révèlent le processus victimaire en mettant en lumière la culpabilité de la collectivité et l’innocence du persécuté. Une analyse comparative qui illustre bien la différence entre le biblique et le mythique concerne deux histoires de lapidation : celle où Jésus refuse de lapider la femme surprise en délit d’adultère et celle où Apollonius guérit la ville d’Éphèse de la peste qui l’affligeait. En voici en résumé…

L’un justifie la lapidation et l’autre la condamne. Et bien plus, on peut y voir à l’oeuvre l’emballement mimétique dans l’un comme dans l’autre. Dans l’un pour le pacifisme, et dans l’autre pour la violence…

« Loin d’être purement rhétorique, la première pierre est décisive parce qu’elle est la plus difficile à jeter. Mais pourquoi est-elle si difficile à jeter? Parce qu’elle est la seule à ne pas avoir de modèle. (…) Une fois que la première pierre est jetée, grâce aux encouragements d’Apollinius, la deuxième vient assez vite, grâce à l’exemple de la première; la troisième vient plus vite encore, car elle a deux modèles au lieu d’un, et ainsi de suite. Plus les modèles se multiplient plus le rythme de la lapidation se précipite. Sauver la femme adultère de la lapidation comme le fait Jésus, empêcher un emballement mimétique dans le sens de la violence, c’est en déclencher un autre en sens inverse, un emballement non-violent. Dès qu’un premier individu renonce à lapider la femme adultère, il en entraine un second et ainsi de suite. Finalement, c’est toute la troupe, guidée par Jésus, qui abandonne son projet de lapidation7René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.82-83. »

Conclusion

Pour résumer, le désir est mimétique, c’est-à-dire qu’il se crée en nous par l’entremise de l’autre (de ses possessions, ses acquis, son statut). Lorsque le désir mimétique n’est pas bien géré, cela mène à l’exaspération du désir, puis à des tensions au sein des groupes. Avec le temps, ces tensions augmentent. L’emballement violent arrive lorsque les injustices se multiplient exponentiellement à cause des exemples de violence qui augmentent et qui deviennent les nouveaux modèles inspirant le désir. Ultimement, pour se sortir de ce cercle vicieux, une communauté agglomère ses diverses tensions et se rassemble autour d’une victime innocente afin d’expulser ses tensions sur cette personne qui deviendra le bouc émissaire. Lorsqu’il y a une unanimité violente envers cette victime, les tensions disparaissent réellement parmi les différents groupes. La paix revient entre les individus. La plupart du temps, la perception de la victime change avec le temps pour être divinisée à cause de l’effet thérapeutique que sa mort eut sur la communauté (comme Oedipe). Selon Girard, les mythes vont toujours dépeindre ce processus dans le but de justifier la collectivité violente et condamner l’individu fauché par le groupe. La Bible cependant, et particulièrement les évangiles, fait le contraire, elle met en lumière le mensonge : le persécuté est innocent et c’est la collectivité unanime qui est coupable. Seulement le biblique permet de révéler l’emballement mimétique violent et d’éventuellement en sortir en tant que collectivité, car c’est l’ignorance de cette dynamique qui la rend efficace. Le biblique aide les membres d’une collectivité violente à prendre conscience de la responsabilité de chaque membre dans la violence qui est perpétrée alors que les mythes perpétuent et légitiment la violence contre des innocents. “Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font” disait Jésus sur la croix (Luc 23:34).

Dans l’article suivant, je ferai une analyse des points forts et des points faibles de la thèse de Girard…

Références

Références
1 Jean-Claude Guillebaud. 2007. Comment je suis redevenu chrétien. Paris: Albin Michel, p.101-3. C’est donc par un mimétisme que je suis venu à lire sur la théorie mimétique!
2 Quelques précisions : 1) René Girard ne s’intéresse pas à la question de l’historicité de la Bible. Ce n’est pas qu’il pense que la Bible n’est pas de nature historique (c’est-à-dire qu’elle cadre ses récits par des marqueurs temporels, culturels, géographique et politique passés qui sont en partie vérifiables). C’est plutôt que son approche est différente : elle est philosophique et anthropologique. Pour Girard, les récits mythiques et bibliques parlent des structures et dynamiques humaines des sociétés archaïques. Autrement dit, les narratifs sont le reflet des dynamiques de l’époque, dynamiques qui se sont bel et bien produites et dont les récits en sont des échos. 2) La définition de “mythe” avec laquelle il opère, sans jamais la définir explicitement, ne se rapproche pas de l’interprétation péjorative parfois associée au mot, compris comme étant une pure invention humaine qui serait de l’ordre du fantastique, éloigné de la réalité, mais plutôt comme un discours ou un récit “lié à la structure même de la conscience humaine, présent dans toute société, et par lequel un groupe, une société ou une civilisation donne sens à ses pratiques quotidiennes, tant politiques que spirituelles.” (Philosophie et rationalité, p.12) 
3 René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.18.
4 Même si j’ai plusieurs modèles autour de moi qui possèdent, disons, des motoneiges, ça ne veut pas dire qu’un désir de posséder une motoneige se créera nécessairement en moi si je ne suis pas personnellement prédisposé à en vouloir. Cependant, plus le nombre de modèles devient important, plus il deviendra difficile de résister… c’est qu’on appelle l’emballement comme on verra sous peu
5 René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.24-5.
6 Matthieu 16.23, c.f. Marc 8.33
7 René Girard. 1999. Je vois Satan tomber comme l’éclair. Barcelone: Grasset, p.82-83

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