La moralité a-t-elle un fondement pour l’athée?

01/08/2012

Si Dieu n’existe pas, la moralité objective n’existe pas, la valeur humaine n’existe pas et le sens de la vie n’existe pas. Cependant, les athées vivent jour après jour en prenant pour acquis ces trois aspects de la vie (moralité, valeur, sens) alors que ces éléments n’ont pas de fondement dans leur vision du monde.

Concentrons-nous un instant sur la question de la moralité. Si Dieu n’existe pas, la moralité objective n’existe pas. Il me semble évident que Dostoyevsky a raison : “Si Dieu n’existe pas alors tout est permis.” Pourquoi? Parce que si nous ne sommes que des assemblages complexes de molécules biochimiques, nous sommes sur un continuum avec les animaux et autant qu’il n’y a pas de dimension morale dans le monde animal, il n’y en aurait pas non plus pour les animaux plus évolués comme les humains. Lorsqu’un lion s’accouple avec une lionne, il ne la viole pas, il laisse seulement aller ses instincts et ses pulsions du moment. “C’est naturel!” nous disons-nous en regardant un documentaire. De même, si la moralité n’a pas un fondement transcendant, alors ce qu’on appelle “viole” n’est en fait qu’une pratique jugée taboue par la société, mais ce n’est pas mal en soi (je parle ici comme un athée conséquent). Si, tout comme moi, vous êtes scandalisés à l’idée de penser qu’un viole n’est pas extrêmement mal en soi et cela peu importe les cultures et les époques, alors vous devriez logiquement croire en Dieu, seul fondement transcendant possible au bien.

De plus, puisqu’il n’y a pas de jugement ultime, tant et aussi longtemps qu’on peut compter sur notre intelligence pour ne pas se faire prendre, à quoi bon respecter les règles du jeux qui sont de toute façon une construction sociale relative, une invention humaine? Les Allemands sous Hitler avaient une moralité, nous en avons une autre, j’ai la mienne et toi la tienne. Le plus fort fait la loi. Et de mon côté, je peux en profiter tant et aussi longtemps que je ne me fais pas prendre par ce plus fort afin de ne pas me faire taper sur les doigts. Si Dieu n’existe pas, tout devient relatif. Mais nous savons expérientiellement que la moralité objective existe. Peu importe ce qu’on peut en dire, faire une vivisection sur un bambin comme le Dr. Joseph Mengele a fait à Auschwitz est un mal absolue (Craig, 2010, p.42-43).

Celui qui nie la moralité objective la présuppose dès qu’on lui fait un tord. Si je vole un porte-feuille à quelqu’un, sa réaction première sera de dire : “C’est injuste, tu n’as pas le droit de faire ça, rend-le moi!” Mais moi je répond : D’où vient cette loi dont tu parles comme si elle nous était évidemment commune et qui déterminerait la qualité de mon action?” S’il me répond quelque chose d’autre que Dieu, alors il me donne l’équivalent d’un goût ou d’une préférence et non pas d’une réalité objective.

Enfin, si nous n’avons aucun dénominateur commun pour évaluer la qualité morale des actions et intentions, nous ne pouvons pas parler de progrès moral. En d’autres mots, nous ne pourrions pas dire que l’abolition de l’esclavage, du racisme et du sexisme sont des améliorations morales car nous n’aurions aucune règle pour faire une telle évaluation. On pourrait parler de changement, mais pas de progrès moral. Dans cette optique, même l’éducation des enfants en ce qui concerne le bien et le mal perd de son sens dans une perspective athée.

Il est important de bien comprendre ce que je dis et ce que je ne dis pas dans ce post. Je ne dis pas que les athées ne peuvent vivre moralement. Ce que je dis, c’est que leur vision du monde n’a aucun fondement pour asseoir cette moralité objective. Ils y font quotidiennement référence, mais ils empruntent cette catégorie à la perspective théiste. Selon cette dernière, Dieu a mis sa loi morale dans le coeur de chaque être humain par l’entremise de la conscience. Bien que celle-ci puisse être endurcie dépendament de notre volonté, il n’en reste pas moins qu’elle représente ce lien avec cette fondation morale transcendante.

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4 comments on “La moralité a-t-elle un fondement pour l’athée?

  1. En cherchant la moralité objective sur google, je suis tombé sur ce petit raisonnement cherchant à faire croire aux athée qu'en étant morale, on est croyant…

    Il est amusant de constater que l'argument que vous tenez n'a rien d'objectif, puisqu'il va dans le sens d'un point de vue purement chrétien…

    Donc, supposons que l'athée croie inconsciemment en Dieu car il est morale… bien… très bien…
    Et les autres?
    L'hindou par exemple, il a aussi une morale objective: il a établie des lois, condamne les homicides, les vols et a un très grand respect pour les animaux (La vache surtout). Il croie donc inconsciemment en Dieu? C'est Shiva qui va bouder…
    En parlant de bouderie, le bouddhiste et son sens morale croit en Dieu aussi?
    Le samouraï avait un très grand respect sur les règles et avait une grande conviction sur les valeurs morale, bien plus même que le chevalier chrétien de la même époque.

    Voilà, l'argument ne tien déjà plus debout: Vous auriez été polythéiste, vous auriez alors prétendu que le chrétien ayant un sens morale, il doit croire inconsciemment en Zeus…

    Dans l'inverse, les croyants en Dieu (Dieu chrétien, Allah ou Jehova), on commis eux-même des crimes (Selon mon propre sens moral) au nom de leur dieu et de leur sens morales. Pensaient que les autres religion "barbare" étaient bon à détruire… adieu les Iroquois, Zoulou et autres Maya! Enfin si certains chrétiens redéfinissaient la morale de Dieu, alors les détenteurs du pouvoir religieux (qui contrôlaient les soldats) sortiront un classique "Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens". Bravo la tolérance divine!

    Enfin, la conversion (non-forcée), utilisé par procédé vicieux (encore une fois, selon mon sens morale, car ce sont des propos visant à manipuler ceux qui ont des pensées différente) comme ici est-elle morale?

    Pour le chrétien, oui, puisqu'il cherche immédiatement à répandre ce qu'il prétend être la "bonté divine" dans le cœur des autres, par contre, pour ces autres, il s'agit là d'une attaque pure et simple de la liberté de leur pensées et de leur croyance personnelle! D'ailleurs, ne suis-je pas en train de me "défendre" face à "l'attaque"?

    Je vais donner mon point de vue qui est, vous l'aurez compris, celui d'un Athée, durement Scientifique, qui plus est. Sinon, on va m'accuser de démonter les propos des autres sans rien donner en retour…(Par forcément vous, mais plutôt les chrétiens de "mauvaise foi", ce qui est une ironie amusante).

    Nous avons tous, il est indéniable, un sens morale commune à tous, c'est à dire dans ce cas, objective, toutes les civilisations condamne le meurtre, à différent degrés par exemple, mais si il n'est pas imposé par Dieu ou autres puissance divine, puisque nous ne croyons pas en cela, comment a t-elle pus s'ancrer profondément dans nos mœurs?

    Tout simplement par le ressentit et l'interaction humaine!

    Tao a dit(Oui, ce n'est pas parce que nous somme non-croyant que l'on doit faire la sourde oreille aux autres, bien au contraire, étant très attaché à la liberté de culte de chacun, certains d'entre nous avons l'esprit plus ouvert):"Regarde le gain de ton voisin comme ton propre gain, et la perte de ton voisin comme ta propre perte " , de même pour Jésus: "Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse" , cela s'appelle l'Ethique de réciprocité. Le ressentit est alors très forte ici car elle repose un équilibre social nécessaire aussi bien pour le bien de chacun que pour le bien de tous (Un peu Anarchiste, comme point de vue, je l'admet).

    [Mince, c'est limité à 4000 caractères!]

  2. [Je viens de relire ma première partie, il y a des fautes, milles excuses, mais vus la quantité de phrases à faire en peu de temps, je ne pouvais pas tout voir]

    Par contre, imaginons une civilisation où les individus ne ressentiraient aucun sentiment de possessions quelconque: le vol et l'adultère seront t-ils considéré comme néfaste pour ces gens-là? Imaginons une autre dépourvus d’ouïes: leur viendraient t-ils à l'idée de mettre une loi sur la pollution sonore et placer dans la rue un panneau:"SILENCE, HÔPITAL"?
    Au contraire, plaçons un ressentit supplémentaire sur une civilisation: la lecture de la pensée par exemple (J'exagère, évidemment), il y aura alors systématiquement une morale d'ordre de la vie privé, comme de ne pas s'approcher d'un(e) inconnu(e) à moins de 5 mètres sous peine d'encourir une amende pour viol de pensée…

    Une fois que l'on a tous subit au moins une fois une injustice quelconque (celui qui prétend ne rien avoir subit dans sa vie doit vivre de manière bien isolé, ou est encore très jeune), on commence à se mettre d'accord pour qu'il n'y ai plus récidive sur chacun d'entre nous et nos proche, c'est d'ailleurs à partir de cet accord qu'apparaissent ensuite la notion morale et les règle d'or, suivie de lois. Rien n'empêche quelqu'un d’obéir, mais il subira alors une pression telle par sa Famille/Tribu/Nation que le jeu n'en vaudra pas la chandelle. Bien sur, il arrive en étant malin qu'il ne se fera pas prendre pour son crime, c'est alors que la communauté va tout faire pour que justice se fasse en créant un système policier: la course du gendarme et du voleur peut commencer.

    Hélas, au bout d'un moment, le gendarme se fatigue, et le voleur prend du pouvoir (Ou en possédait déjà par la loi du plus fort…). Se sentant impuissant, il lui fallait autre chose… Superman? Presque! Il a eu une meilleur idée: associer divinité et loi. Quoi de plus dissuasif en effet qu'un ou plusieurs être surpuissant (Esprits/Divinités/Kamis…) pour calmer l'être faible face à l'immensité de la nature et l'univers!
    Et voilà! On sais maintenant comment la religion s'est emparé de la morale établie à la base par la communauté humaine.

    Ce n'est donc pas Dieu qui a donné aux hommes un sens moral, mais les hommes qui ont donné à leur dieu le sens morale nécessaire à la stabilité sociale!

    Sur ce, ce sera un plaisir d'y lire votre réponse!

    Cordialement,

    Baptiste.

  3. Salut Baptiste,

    Je vous remercie d'avoir pris le temps d'écrire vos commentaires par rapport à ce post. Comme je le dis à chaque commentateur, j'apprécie beaucoup le dialogue. Nous en ressortons tous enrichis. Voici quelques points que j'aimerais aborder pour vous faire réfléchir.

    Vous avez écrit :
    1. "Il est amusant de constater que l'argument que vous tenez n'a rien d'objectif, puisqu'il va dans le sens d'un point de vue purement chrétien… Donc, supposons que l'athée croie inconsciemment en Dieu car il est morale… bien… très bien… Et les autres? L'hindou par exemple, il a aussi une morale objective: il a établie des lois, condamne les homicides, les vols et a un très grand respect pour les animaux (La vache surtout). Il croie donc inconsciemment en Dieu? C'est Shiva qui va bouder… Voilà, l'argument ne tien déjà plus debout: Vous auriez été polythéiste, vous auriez alors prétendu que le chrétien ayant un sens morale, il doit croire inconsciemment en Zeus…"

    1.1 – Confusion entre existence de Dieu et identité de Dieu.
    Vous ne semblez pas saisir ce que j'essaie de démontrer par ce post. Qu'est-ce qui dans mon post sur la moralité vous fait croire que je désire prouver que le christianisme est la vraie religion? Là n'est pas mon but (p-e implicitement puisque le christianisme requiert l'existence de Dieu, mais pas explicitement). Je ne parle même pas du christianisme dans ce post. Je parle de deux visions du monde : celle de l'athée et celle du théiste (croyant en Dieu). Un musulman pourrait lire ce post et être d'accord avec moi car dans ce post spécifiquement, mon but est de démontrer l'existence de Dieu (peu importe son identité) à partir de la moralité objective. Nous faisons tous l'expérience d'une moralité objective (cela n'est pas une expérience purement chrétienne). Même vous, vous reconnaissez que la moralité est objective… j'y reviendrai bientôt car vous vous contredisez à ce niveau.

    1.2 – Le sophisme génétique
    La dernière phrase de ce que je viens de citer de vous "Vous auriez été polythéiste, vous auriez alors prétendu que…" est un exemple parfait du sophisme génétique (raisonnement erroné) dont j'ai fait un post dans mon blog. Même si votre premier point que je ne concède pas était vrai (c'est-à-dire que j'essaierais de prouver le christianisme à partir de la moralité objective seulement), même si j'étais coupable d'une telle tentative, votre raisonnement demeure fallacieux et ne démontre en rien que Dieu n'existe pas ou que le christianisme n'est pas vrai.

    (suite au prochain commentaire… 4000 mots c'est trop courts, j'avoue!)

  4. Vous avez aussi écrit :
    2. "Dans l'inverse, les croyants en Dieu (Dieu chrétien, Allah ou Jehova), on commis eux-même des crimes (Selon mon propre sens moral) au nom de leur dieu et de leur sens morales."

    2.1 – Ma moralité, Notre moralité ou La moralité?
    Dans ce commentaire, vous dites plein de pronoms personnels comme "leurs moralités", "mon sens moral", mais s'il n'existe pas de règle morale qui transcende les individus, les sociétés et les époques tout cela ne devient qu'une discussion inutile sur les goûts relatifs à chacun. Pourriez-vous me juger parce que je ne préfère pas la même sorte de crème glacée que vous? Non. C'est qu'une question de goût. De même, si la moralité est relative, vous ne pourriez pas faire ces jugements que vous faites sur les gens d'une autre époque et d'une autre société). Mais vous les faites. En les faisant, vous faites référence à une loi transcendante (qui dépasse les individus, les société et les époques). Ma question pour vous est celle-ci : Vous présupposé une règle morale commune à tout être humain, à laquelle tout être humain devrait être tenue responsable, mais qui/quoi assure que tout être humain 1) connaisse ces impératifs moraux peu importe les époques et les milieux culturels ce qui vous permet de les juger et 2) qui/quoi assure que si ces impératifs moraux ne sont pas respectés, les personnes tenues responsables seront jugées selon la justice (même dans le secret, quand on commet le mal et qu'on est persuadé que personne n'en saura jamais rien, on a l'expérience du remord. Pourquoi?). Dès que vous me répondez que c'est une construction sociale, vous tombez dans le relativisme et vous vous contredisez. Car vous ne seriez pas justifier de juger, mais vous vous permettez de juger ces gens de d'autres époques et d'autres sociétés que la vôtre. Dans votre perspective, ils n'auraient tout simplement pas le même code morale que vous. Vous présupposé constamment cette loi transcendante : "Une fois que l'on a tous subit au moins une fois une injustice quelconque, on commence à se mettre d'accord pour qu'il n'y ai plus récidive sur chacun d'entre nous et nos proche, c'est d'ailleurs à partir de cet accord qu'apparaissent ensuite la notion morale et les règle d'or, suivie de lois." Dès que vous dite qu'on expérimente personnellement une première injustice, vous avez déjà faites référence à la loi transcendante. Les lois sont des tentatives humaines de codifier la loi morale transcendante.

    2.2 – Juger Dieu par ses disciples?
    Enfin, vous commettez un autre sophisme lorsque vous mentionnez que les croyants en Dieu ont commis des atrocités et qu'ainsi la loi morale ne peut venir de Dieu : le sophisme de la culpabilité par association. Tu crois que 1 + 1 = 2? Mais Adolf Hitler, Joseph Stalin et Ted Bundy croyaient tous que 1 + 1 = 2. Donc tu ne devrais pas croire ça. Vu ainsi, ça vient évident qu'on ne peut écarter que la moralité vient de Dieu puisque certains prétendant être les portes paroles de cette moralité l'ont carrément violé.

    Merci encore de votre commentaire! 🙂

    Au plaisir de vous relire!

    Sonny

Théophile © 2015