Cette année, j’ai lu le livre “Ni Dieu, ni maître!” de la maison d’édition Librio. Ce livre est une brève anthologie de l’anarchisme (94 p.). Mon but était de mieux comprendre l’athéisme. Bien que l’anarchisme et l’athéisme soient deux idéologies distinctes, la première présuppose toujours la deuxième. Chaque athée n’est pas forcément anarchiste, mais chaque anarchiste est athée.
Christophe Verselle, professeur de philosophie à l’I.U.F.M. en France fit l’introduction du livre, le choix des auteurs et une courte introduction de chacun d’eux. À la p.8, il énumère les caractéristiques qui sont communes à toutes formes de mouvement anarchiste :
1. Une conception de la liberté envisagée comme l’absence de contraintes extérieures,
2. L’affirmation d’une égalité absolue entre tous les hommes, laquelle rend illégitime toute prétention à introduire une quelconque forme de hiérarchie dans leurs rapports,
3. Tous les anarchistes sont révolutionnaires en ce sens qu’ils se donnent pour finalité de détruire les gouvernements. Sans la révolution, l’anarchie ne peut s’établir puisqu’elle est contredite par l’existence même de l’État.
La valeur suprême que tentent de concrétiser les anarchistes est donc la liberté individuelle. Pour ce faire, ils se font ennemis de tout pouvoir représentant une force qui pourrait s’imposer par le haut et les aliéner pour une raison ou pour une autre. L’anarchisme rêve de l’autonomie la plus complète et les deux obstacles majeures à celle-ci sont Dieu et la politique. Ces deux ennemis sont considérés comme source de servitude, d’esclavage, de fardeau. La formule “Ni Dieu, ni maître” vient de “Louis Auguste Blanqui, révolutionnaire socialiste qui en fit le titre de son journal fondé en 1871. Elle sert depuis lors de slogan pour les anarchistes du monde entier. Résonnant d’abord comme un refus, il faut pourtant y voir avant tout une affirmation : celle de l’Homme qui ne veut dépendre que de lui-même, sans subir le poids d’une transcendance céleste ni le joug d’une servitude terrestre, tous les deux également préjudiciables à son autonomie.” p.9
Cela me rappelle une vérité centrale que le trouve dans les premiers chapitres du récit de la Genèse, à savoir que l’homme désire être son propre dieu ce qui implique entre autre de déterminer soi-même ce qui est bien et mal, ce qui est bon et ce qui est mauvais pour son propre épanouissement personnel. L’anarchisme ne fait que prendre cette valorisation du moi et le radicalise. C’est la forme la plus égoïste que l’être humain peut prendre car c’est ne pas accepter que rien ni personne ne viennent amoindrir, limiter ou empêcher ma liberté, ma façon d’atteindre le bonheur. Si les moyens que j’utilise pour atteindre la fin à laquelle j’aspire ne sont pas moraux, tant pis.
Prenons un exemple tiré de la p.43 du livre pour illustrer ce que je viens de dire. Pierre François Lacenaire vécu 36 ans seulement (1800-1836) est décrit ainsi dans son introduction qu’en fait l’auteur du livre : “Voleur, escroc, faussaire, dandy et assassin à la conscience tranquille, Lacenaire scandalisa la bonne société de son temps… Ouvertement misanthrope, il rejetait par ailleurs sur le corps social la responsabilité de ses crimes, comme en témoigne ce commentaire qu’il fit au sujet de son procès : ‘Je me suis regardé comme en état de légitime défense contre la société ; je comprends que celui qui n’a rien tue et pille celui qui possède.’“
Ce genre d’attitude est foncièrement contraire à celle que Dieu désire inculquée à ses enfants. Il leur demande de se soumettre aux autorités qu’il a lui-même instituées : les enfants aux parents (Éphésiens 6:1-4), les femmes à leur mari (Éphésiens 5:22), les employés à leur patrons (Éphésiens 6:5-7), les membres d’une église aux dirigeants dans l’église (Hébreux 13:17), les citoyens envers le gouvernement (Romains 13:1-7), les êtres humains à Dieu lui-même (Jacques 4:7). Bien que nous ayons tous fait l’expérience ou connaissons des personnes qui ont faites l’expérience d’abus de pouvoir dans les cinq premiers exemples que je viens de donner, Dieu lui-même, en Jésus-Christ, nous a donné un modèle parfait d’autorité : une autorité motivée par amour et comme but ultime notre bien. Dans la mesure où les autorités qu’il a instituées ne nous amène pas à aller contre la volonté de Dieu, nous devrions nous y soumettre. Et bien qu’imparfaits, ces autorités viennent quand même de Dieu pour que notre monde soit ordonné, qu’il opère pour le plus grand bien de tous les individus qui compose la collectivité (mot étranger au vocabulaire des anarchistes, tout comme le “nous”) et pour éviter la destruction intrinsèquement liée à l’anarchie. Il est intéressant de faire lien entre l’anarchisme et le relativisme, forme amoindris, non-assumée, embryonnaire d’anarchisme. La vraie vie consiste dans un ensemble de libertés et de responsabilités, de diversité et d’unicité. Oublier un ou l’autre peut coûter cher.
Et lorsqu’on y pense, l’anarchisme est une idéologie contradictoire en soi. Elle soutient qu’aucune personne ou groupe de personnes ne devrait ‘imposer une règle à d’autres, mais ceux-ci veulent imposer une règle qui soit commune à tous, à savoir l’anarchisme.
L’anarchiste : “Tu ne peux rien imposer à qui ce soit!”
Le non-anarchiste répond : “N’es-tu pas en train de m’imposer ton système de penser?”
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