Dans mon dernier post, j’ai affirmé que l’idéal moral qui gouverne notre culture est l’authenticité. D’un côté, dans sa forme accomplie, cette valeur culturelle est une très bonne chose :
- L’authenticité vient exploiter le maximum du potentiel humain en incitant l’individu à faire des choix plus en accord avec sa personnalité, ses intérêts, ses goûts.
- L’authenticité devrait nous inciter à être plus responsable. En faisant ces choix sur la base de notre propre volonté, nous sommes forcer de les assumer. Nous devenons le principal garant de notre succès ou de notre échec.
- Elle devrait nous inciter à avoir une meilleure connaissance et compréhension de soi.
De l’autre côté, cet idéal géré de façon égoïste fait ressortir plusieurs formes déviantes et dégradées : prédominance de l’épanouissement personnel sur ce qui transcende le moi, relativisme qui tend à abattre les terrains d’entente ou les « cadres » sur lesquels on doit baser la vie en communauté pour un respect mutuel. Dans ce post, j’aimerais soulever une autre de ces formes déviantes et dégradées en lien avec l’idéal de l’authenticité : le refus de reconnaître la réelle valeur des choix.
Très souvent, on entend les gens faire « une apologie du choix pour lui-même : toutes les options se valent parce qu’elles se font librement et que le choix leur confère à lui seul une valeur… Mais du coup se trouve nié un horizon pré-existant de significations grâce auxquels certaines choses valent plus que d’autres et certaines rien du tout… » (Taylor, 1992, p.54) Les gens acceptent beaucoup plus difficilement qu’avant de remettre en question leurs choix en les faisant passer par le test de la raison (explications logiques et intelligibles justifiant les choix), mais restent dans le domaine de l’affect et du sentiment (explications subjectivistes, les choix sont donc basées purement sur les goûts, préférences, caprices, sur le droit à la liberté). La maxime « Vivre et laisser vivre » devient la phrase préférée de la majorité. Toute forme de dialogue qui remettrait en question les « choix » libres des autres ne sont pas tolérés.
Je pense donc que, de nos jours, la manière la plus efficace de faire prendre conscience à une personne de la valeur supérieure d’un choix par rapport à un autre est de l’inspirer, de lui donner le goût d’aspirer à quelque chose de meilleure. Le débat rationnel, bien que souhaitable et incontournable, nécessite un lien de confiance et de proximité avec la personne et ne doit pas être séparé de l’approche mentionnée juste avant. En bout de ligne, lorsque tous les arguments auront été avancés et que la raison n’aura pas su réorienter le coeur vers un meilleur choix, il nous reste la possibilité de devenir un modèle inspirant en mettant en pratique notre vision des choses, en étant cohérent avec nos valeurs. Bref, devant une personne qui refuse de reconnaître les différentes valeurs intrinsèques aux choix, n’argumentons pas en vain, mais incarnons devant lui ce que nous croyons être le meilleure.
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