Le sophisme génétique

01/29/2012

Un sophisme est un raisonnement erroné. Il existe plusieurs types de sophisme. Un d’entre eux s’appelle le sophisme génétique. Quelqu’un commet le sophisme génétique lorsqu’il affirme que la conclusion d’une personne est fausse à cause de la façon dont cette personne est parvenue à cette conclusion. Une personne peut avoir des croyances vraies même si elle est venue à avoir cette croyance d’une façon inadéquate. Après avoir donné un ou deux exemple, vous verrez qu’avec ce genre de raisonnement, on ne prouve rien quant à la véracité ou la fausseté de la croyance, car on pourrait toujours renverser le raisonnement et arriver à n’importe quelle conclusion. Voici deux exemples de sophismes génétiques avec leur antithèse qui rend manifeste l’inefficacité de ce raisonnement.

Exemple 1 : Si tu étais né en Inde, dans une famille hindoue, tu croirais à l’hindouisme plutôt qu’au christianisme. Si tu étais né au Pakistan, dans une famille musulmane, tu croirais à l’Islam plutôt qu’au christianisme. Tu n’es que le produit de ta culture et de ton éducation parentale. La conclusion souvent sous-entendue est que le christianisme est faux. Mais une telle approche ne fonctionne pas, car un exemple contraire pourrait mener à une conclusion contradictoire : Si tu étais né en Inde, dans une famille hindoue, tu croirais à l’hindouisme plutôt qu’à l’athéisme. Si tu étais né au Pakistan, dans une famille musulmane, tu croirais à l’Islam plutôt qu’à l’athéisme. Tu n’es que le produit de ta culture et de ton éducation parentale. L’athéisme est donc faux.

Souvent, ce genre de raisonnement prend une forme plus subtile où la conclusion n’est pas clairement affirmée, mais suggérée. En utilisant la même stratégie contre l’athée, on constate qu’elle mène à des conclusions contradictoires. Notre lieu de naissance peut effectivement affecter notre éducation religieuse. Cependant, cela n’implique pas nécessairement que notre éducation religieuse soit fausse. C’est aussi par l’entremise de mes parents et de ma culture que j’ai appris que 2 + 2 = 4. Au mieux, cela démontre que la base sociologique sur laquelle nous croyons peut ne pas être valide, puisque ces différentes religions se contredisent et elles ne peuvent donc pas toutes être vraies.

Exemple 2 : ceux qui croient en Dieu ont peur d’affronter la mort. Ils s’imaginent un père céleste qui veille sur eux et qui leur promet la vie éternelle pour les réconforter. Leur croyance n’est qu’une béquille pour les aider à passer au travers la vie qui a son lot de difficultés. Le problème est qu’on peut facilement construire un argumentaire allant dans le sens contraire : les athées ont eu une mauvaise relation avec leur père terrestre, ils transposent leur amertume et leur rébellion envers Dieu (aussi une figure paternelle) et cela les amène à nier son existence. Dans ce cas-ci, notez que chaque clan présuppose qu’ils ont raison pour ensuite donner une explication psychologique de l’adversaire.

Dans les deux cas, on ne s’est pas servit du bon outil pour accomplir la tâche voulue. On ne pourra jamais démontrer la fausseté ou la véracité d’une croyance religieuse par une donnée brute provenant de la sociologie ou la psychologie. Ces disciplines peuvent nous aider à mieux comprendre les effets des religions sur les sociétés et les individus ainsi que les causes menant à la croyance ou à l’incroyance. Cependant, elles ne nous disent pas grand chose sur le rapport de ces donnés à l’existence et à l’identité de Dieu. Pour les évaluer dans cadre-là, il faudra plutôt le faire par la méthode philosophique, théologique et historique.

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3 comments on “Le sophisme génétique

  1. Dans les dents !
    Très bon outil de défense en ce qui concerne les débats entre personnes d'opinions opposées.
    Revirer la situation de bord… on a pas à porter le fardeau d'une explication par voie unique.
    Cela revient un peu à ta réflexion sur le développement rationnel : tout comme Jésus posait des questions aux gens pour les faire résonner, les chrétiens en plein coeur de débat devraient se positionner de façon à revirer la situation de bord. Définir une croyance religieuse de par des explications sociologique ou psychologique revient à donner une explication à sa plus simple expression. En effet, il est facile de mettre la faute sur le contexte ou le milieu de l'individu, mais comprendre et ouvrir son esprit à un phénomène qui nécessite un sacrifice de soi n'est aujourd'hui vraiment pas envisageable.
    Subjectivité, relativité diraient nos amis les contemporains…
    Moi je dis manque de crédibilité!!!
    Bien d'accord en ce qui a trait à la façon de les évaluer à ce niveau !!! (Philo, théo et histoire!)

  2. Liliane Juin 27, 2016

    Vous savez que dans vos exemples, vous utilisez moult solécismes?
    😉

Théophile © 2015