Prise de décision et volonté de Dieu (partie 3)

05/03/2014
La dernière des trois grandes perspectives chrétiennes concernant les prises de décision et la volonté de Dieu est celui de la sagesse. Dans cet article, je résume et critique la position de Gary Friesen telle que présentée dans le fameux livre “How Then Should We Choose”. 
 

“Sagesse” (Position #3/3)

Avant de présenter son propre modèle, Garry Friesen fait un peu de déconstruction. Il commence par préciser qu’il existe seulement deux sortes de volonté divine dans la Bible : la volonté morale et la volonté souveraine. Selon lui, les tenants de la position VS supposent une troisième sorte de volonté qui n’est pas fondée bibliquement : la volonté individuelle. Il est vrai que Dieu a un plan pour chaque individu, mais ce plan fait partie de sa volonté souveraine qu’il ne révèle que très rarement. Il est vrai aussi que Dieu a un idéal pour chaque individu, mais cet idéal fait partie de sa volonté morale pleinement révélée dans la Bible. Il arrive parfois que Dieu annonce son plan spécifique pour un croyant, mais cela est toujours communiqué par une révélation spéciale (non pas des impressions personnelles), l’initiative vient toujours de Dieu (la personne concernée n’avait pas à chercher pour découvrir la volonté de Dieu) et cela devient une obligation morale. Après cette déconstruction nécessaire, la position S établit quatre principes sur lesquels reposera leur modèle : 


1. Où Dieu commande, nous devons obéir : Ce qui est commandé par Dieu constitue sa volonté morale. La volonté morale concerne non seulement nos décisions elles-mêmes, mais aussi nos attitudes et nos motivations. Cette volonté morale est clairement révélée dans la Bible. Par exemple, si un chrétien se demande s’il devrait entamer une relation plus sérieuse avec une non-chrétienne en vue de former un couple, les Écritures affirment qu’il ne devrait pas et cela à plusieurs endroits comme en 2 Corinthiens 6:14 : “Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate.” Une personne qui cherche la volonté de Dieu doit commencer par la volonté morale révélée dans les Écritures.

2. Où Dieu ne commande pas, nous avons la liberté et la responsabilité de choisir : Dieu ne veut pas micro-gérer notre vie. Pour continuer avec le même exemple pratique du choix d’un mari ou d’une femme en vue du mariage, nous pouvons voir que la Parole de Dieu laisse une liberté aux chrétiens mise à part la condition de se marier “en Jésus” : “Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant, mais si le mari est décédé, elle est libre de se marier à qui elle veut, seulement, que ce soit dans le Seigneur.” (1 Corinthiens 7:39) 

3. Où Dieu ne commande pas, il nous donne la sagesse pour choisir. Ce point répond à la question : comment prendre des décisions qui plaisent à Dieu dans les domaines où nous avons la liberté? Dieu donne la sagesse à ceux et celles qui le lui demande par la prière et la cherche par l’étude des Écritures, d’autres recherches et analyses, le conseil de personnes sages (bibliquement et expérientiellement), par les expériences de vie. Aussi, il peut la donner par révélation bien que cela ne soit pas la façon normative d’opérer. Poussé à l’extrême, la perspective S peut être aussi néfaste que la perspective VS. Il ne faut pas penser que, par tous ces moyens, nous devons parvenir à LA décision la plus sage à prendre (aussi sage que Dieu ferait lui-même). Appliqué au choix d’un conjoint, la Parole de Dieu conseillerait notamment ceci de chercher quelqu’un avec un caractère doux et paisible : “Mieux vaut habiter dans une terre déserte qu’avec une femme querelleuse et irritable.” (Proverbes 21.19) (Applicable aux hommes aussi!) Ici, il n’y a pas d’interdiction de marier une personne querelleuse, mais un conseil sage à suivre pour notre bien.

4. Quand nous avons choisit ce qui est moral et sage, nous devons faire confiance à Dieu qui, dans sa souveraineté, s’occupera des détails pour produire le plus grand bien. Ce dernier principe n’a pas d’impact sur la décision que nous prenons, mais plutôt sur l’attitude que nous devrions avoir une fois que notre décision a été prise. Le rappel de la souveraineté de Dieu devrait nous réconforter face aux multiples facteurs inconnus que comporte la dimension imprévisible du futur. Cela devrait nous procurer une paix et une confiance en Dieu. Admettons que la personne avec qui nous sommes engagés dans les liens sacrés du mariage tourne mal et s’avère avoir plusieurs défauts difficiles à supporter. Rendu là, il s’agit de faire confiance que Dieu a permit une telle situation pour un plus grand bien même si nous ne le voyons pas. Nous devrions alors garder notre confiance en la bonté de Dieu et l’implorer dans la prière et persévérer dans notre engagement (à moins d’exceptions rares). 

 
Vision de Dieu : Jésus en tant que Parole (Logos), Vérité, Sagesse (Pr 8). 
Vision du chrétien : Appelé à grandir en maturité chrétienne.
Approche : Analyses basées sur la volonté morale, sur la sagesse de Dieu et d’autres facteurs. 

Appréciation et critique


Selon moi, c’est la perspective la mieux fondée bibliquement. Elle rend compte plus largement des données scripturaires et prend au sérieux les Écritures. Par exemple, cette position ne nie pas que Dieu puisse révéler spécifiquement sa volonté, mais qu’en de telles circonstances, l’initiative vient de Dieu et non de l’homme. De la même manière, elle affirme que cette révélation se fait clairement, voire même de façon miraculeuse et non de manière subjective. Enfin, cette position soutient qu’une révélation spécifique devient une obligation morale. Pensez à l’appel de Moïse… était-il en train de prier pour découvrir la volonté de Dieu ou était-ce Dieu qui prit l’initiative? Moïse a-t-il dû discerner des impressions intérieures ou c’est Dieu lui-même qui attira son attention par le buisson ardent? La position S prend au sérieux les Écritures. 


Deuxième point fort : ce modèle favorise la croissance spirituelle par la compréhension de la volonté morale et de la sagesse de Dieu qui sont consignés dans les Écritures. Si c’est dans les signes extérieurs à soi qu’on trouve la volonté de Dieu (comme le soutient la position VS) ou si c’est dans les signes intérieurs à soi (comme le soutient la position RP), alors il est beaucoup plus facile pour le chrétien de justifier son indépendance aux Écritures et rester immature spirituellement. Pas besoin de lire la Bible puisque Dieu me “parle” directement dans mon coeur ou dans les événements que je perçois. Au contraire, affirme Friesen, c’est par la connaissance des Écritures que nous connaîtront le coeur de Dieu et la sagesse de Dieu qui seront les deux gardes-fous à nos décisions. 


Le seul point à développer, d’après moi, dans la perspective de la sagesse, est la question du rôle du Saint-Esprit dans la guidance de Dieu. En quoi l’habitation de l’Esprit de Dieu dans le coeur du croyant influence-t-il dans sa prise de décision? L’auteur n’en parle pas. C’est pour cette raison que, dans le dernier article de cette série sur ce livre, je proposerai d’incorporer des éléments du modèle RP dans le modèle… 

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