Quelques principes pour bien interpréter la Bible

11/04/2012

On nous dit qu’au temps de l’apartheid en Afrique du Sud, on utilisait la Bible pour justifier non seulement la ségrégation, mais aussi l’idée que les blancs étaient supérieurs aux noirs. En réaction à cette période historique d’injustice, certains comme Itumeleng J. Mosala soutient ceci : “Mon point est que la seule explication adéquate et honnête est que ce n’est pas toute la Bible qui est du côté des droits humains ou des personnes oppressées et exploitées.” (En ligne : http://gbgm-umc.org/umw/joshua/apartheid.html)

Est-il possible que les personnes (blanches) s’ayant servi de la Bible ont tout simplement tordu le sens des Écritures pour leur propre ruine (2 Pierre 3:16)? Que ces personnes se sont servis de la Bible de façon illégitime? L’eau est une chose parfaitement bonne en soi. Elle est essentielle à la vie sur terre. Cependant, on peut aussi s’en servir pour tuer quelqu’un en le noyant. La mauvaise utilisation que certains font de l’eau n’élimine pas sa qualité intrinsèquement bonne. L’utilisation d’une bonne chose à de mauvaises fins nous en dit plus sur l’utilisateur que sur la chose elle-même.

La question du jour est donc : Comment faire une bonne interprétation biblique? Ma réponse n’a pas la prétention d’en être une exhaustive, mais au moins elle représente un commencement de réponse qui peut certes donner des lignes directrices pour favoriser une bonne interprétation. Voici quelques points :

1 – Respecter le contexte littéraire immédiat :
Pour bien interpréter, la première étape est de considérer un passage biblique (précis/délimité) dans son contexte litéraire immédiat, c’est-à-dire en considérant ce qui le précède et ce qui le suit. Ici, il sera aussi utile d’apprendre à faire des analyses structurelles, c’est-à-dire d’essayer de reconstruire la structure de la pensée de l’auteur (les points et les sous-points) pour voir le fil conducteur.

2 – Respecter le contexte littéraire élargie :

  • Que dit l’ensemble du livre biblique sur le même thème?
  • Que dit l’ensemble de la Bible sur le sujet?

3 – Respecter le contexte historique / culturel :
Quelles étaient les coutumes, les pratiques et les valeurs de l’époque dans lequel le livre a été écrit? En quoi ces pratiques culturelles diffèrent-elles des nôtres? ou sont-elles semblables aux nôtres? Comment faire pour répondre à ces questions? Soit en lisant des livres traitant de la culture de l’époque (Ex: “Handbook of Biblical Social Values” de John Malina) ou mieux encore (mais plus difficile) en lisant les écrits extra-bibliques de la même époque (Flavius Josèphe, Philon d’Alexandrie, etc.).

4 – Respecter le genre littéraire :
La Bible est un livre qui contient 66 livres. Certains de ces livres sont poétiques, d’autres historiques, d’autres des codes de lois, d’autres des lettres (à des communautés ou à des individus) et même un apocalypse (qui est un genre en soi). De nos jours, nous faisons la distinction entre le journal des nouvelles et un roman comprenant qu’il s’agit de genres littéraires différents. De même, il faut apprendre à distinguer les genres littéraires bibliques pour bien les interpréter. Voir “How to Read the Bible for All it’s Worth” de Gordon Fee et Douglas Stuart.

5 – Distinguer le sens de la signification :
Selon E.D. Hirch, “le sens désigne ce qui reste stable dans la réception d’un texte ; elle répond à la question : ‘Que veut dire ce texte?’ La signification désigne ce qui change dans la réception d’un texte; elle répond à la question : ‘Quelle valeur a ce texte?’ Le sens est singulier ; la signification qui met le sens relation avec une situation, est variable, plurielle, ouverte et peut être infinie. (…) Le sens est l’objet de l’interprétation du texte ; la signification, de l’application du texte au contexte de sa réception…” (Antoine Compagnon, Le démon de la théorie, p.99). Le sens du texte biblique est donc le principe transcendant véhiculé dans le passage et la signification est l’application du principe à un contexte donné. Par exemple, un des principes que l’on retrouve dans 1 Corinthiens 8 est celui de ne pas être une pierre d’achoppement pour les autres (v.9) ; alors que la signification s’applique en lien avec les viandes sacrifiées aux idoles, pour nous, la signification pourrait s’appliquer sur la consommation d’alcool par exemple. Dans les deux cas, les chrétiens sont libres d’en prendre, mais ils devraient s’en abstenir si en présence d’un autre chrétien qui ne pense pas avoir la même liberté (soit par manque de connaissance -dans le cas des viandes sacrifiées aux idoles- ou à cause d’un problème passé de consommation -dans le cas de l’alcool-).

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