Discerner la “voix” de Dieu

04/17/2010

Je m’étonne d’entendre de temps à autres (assez rarement une chance!) quelqu’un qui dit à une autre personne : “Dieu m’a dit que tu devais faire telle chose…” Sur la base d’une “révélation” qui proviendrait supposément de Dieu, la personne X révèle à Y “la volonté de Dieu” et il ne lui reste qu’à obéir sans réfléchir. Dans d’autres cas (plus fréquent et plus subtils), certaines personnes peuvent avoir tendance à justifier leur(s) décision(s) sur l’unique base de la “révélation de la volonté de Dieu” pour eux-même par l’entremise de “signes” qu’ils ont reçus! Par exemple, une fille chrétienne a déjà annoncer à son copain qu’elle cesserait la relation “parce que Dieu lui avait montré que ce n’était pas sa volonté.” Je trouve problématique ce genre de raisonnement…

Certes, Dieu “parle”! Quand je dis que Dieu “parle”, ce que je veux dire c’est qu’il communique avec les êtres humains, mais pas nécessairement avec des mots audibles et pas nécessairement par l’entremise de propositions. Selon la Bible, il “parle” de différentes façons : Au travers la création (Psaume 19, Romains 1:18-21), de notre conscience (Romains 2:12-16), des Écritures (2 Timothée 3:14-17), de l’Église en tant que communauté (Actes 15:1-35), du Saint-Esprit (Jean 16:13-15), etc… Ces différentes “voix” de Dieu, s’apparentant plus à des impressions profondes, ne sont pas toujours aussi claires et distinctes les unes que les autres, c’est pourquoi il nous faut du discernement. Le point positif avec le genre de personne dont je parle plus haut, est qu’elles prennent au sérieux le fait que Dieu désire entrer en relation avec les êtres humains. Cependant, bien que je m’efforce de voir le point positif chez ces personnes qui incitent à l’action sur la base unique d’une révélation divine, je ne peux m’empêcher d’apporter une critique… constructive!

Dire à quelqu’un “Dieu m’a dit que tu devais…” ou “j’ai fait cela pour la simple et bonne raison que Dieu m’a dit…” pose problème pour plusieurs raisons. Cela élimine tout processus de dialogue voire même de réflexion critique. Cela empêche de juger soi-même si faire la chose en question est vraiment “de Dieu” ou simplement quelque chose de bon en soi. Je pense fermement que ce court-circuitement de la raison au nom de “la foi” est contraire aux Écritures!

Paul invitait ses lecteurs à juger intellectuellement de ses propos : “…C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. Je parle comme à des hommes intelligents. Jugez vous-mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion au sang de Christ?” (1 Co 10:14-16) Ou encore : “Jugez-en vous-mêmes! Est-il convenable qu’une femme prie Dieu sans être voilée?” (1 Co 11:13) Paul ne s’investissait pas lui-même d’une autorité comme étant l’Apôtre ayant des révélations de Dieu auxquels les autres devaient se soumettre sans réfléchir.

Mieux encore… Jésus aussi incitait ses auditeurs à juger eux-mêmes de ce qui venait de Dieu. En Luc 7:18-23, les disciples de Jean-Baptiste vont vers Jésus pour lui demander directement s’il est le Christ attendu. La réponse du Seigneur : “Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés…” (Luc 7:22) En d’autres mots, il invite donc Jean-Baptiste à répondre lui-même à sa question sur la base de ces observations. Il l’invite à réfléchir. Il ne lui dit pas “Oui, je suis le Christ!” Il dit plutôt : “Regarde, observe et juge toi-même.” Un peu plus loin, dans le même Évangile, Jésus dit : “Quand vous voyez soufflez le vent du sud vous dites : ‘Il fera chaud.’ et cela arrive. Hypocrites, vous savez discernez l’aspect de la terre et du ciel, comment ne distinguez vous pas ce temps-ci? Et pourquoi ne discernez-vous pas vous-même ce qui est juste?” (Luc 12:57)

Jésus et Paul invitait leurs auditeurs à réfléchir par eux-mêmes. Je ne verrais pas pourquoi l’Esprit de Dieu, quant à lui, nous épargnerait cette réflexion, cette invitation au discernement réfléchit!

En réalité, un tel Dieu qui impose quelque chose à quelqu’un d’autre sur la base d’une “révélation” seulement ressemble plus au Dieu de l’Islam qu’au Dieu du Christianisme. En effet, les miracles n’ont pratiquement pas de place en Islam, le Coran étant le Signe même prouvant que Allah est Dieu. De même, la réflexion lorsqu’elle devient gênante, doit se soumettre et se taire au profit de la révélation.

“Mahomet recommandait aux gens de quitter leurs idoles, d’accepter Allah comme le seul vrai Dieu et de le reconnaître, lui, comme le Prophète d’Allah. Il citait des versets du Coran, et lorsque ses auditeurs lui demandaient un signe, il répondait : ‘Le livre qui vous ait récité ne vous suffit-il pas? (Sourate 29:50-51)” (Mark Gabriel, Jésus et Mahomet, p.72)

La réponse est non! La vrai révélation du Dieu unique est celle qui d’une part a été attesté par des signes et des miracles (comme on voit dans la Bible) et d’autre part attestée par notre coeur et notre intelligence qui doit y adhérer comprenant minimalement le bien poursuivit par Dieu lui-même…

Je pense qu’il est possible et souhaitable de dire : “Je ressens sincèrement que Dieu me montre cela pour toi et je t’invite à prier et réfléchir là-dessus.” Un frère a déjà fait cela pour moi et Dieu s’en ait servit dans un processus pour m’appeler à étudier en théologie. Mais imposer à l’autre nos impressions au nom de Dieu peut être très dangereux et cela peut aussi être utiliser comme moyen de manipulation ou simplement comme moyen de se déresponsabiliser…

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiéeRequired fields are marked *

Théophile © 2015